Comme je n'ai cessé de le répéter, nous pensons que l'agriculture a une vocation nourricière. La mise en concurrence provoque une spéculation sur les outils de production, en particulier sur le foncier.
En Bretagne, je vois pousser des méthaniseurs qui nécessitent un apport de 30 tonnes de matière sèche par jour, ce qui suppose une surface de terres importante pour les alimenter. Le méthaniseur est comme une grosse vache qu'il faut nourrir en permanence parce qu'il ne s'arrête jamais. Les paysans et paysannes, qui se sont lancés dans cette voie, subissent une certaine pression. La méthanisation accélère le processus d'industrialisation de l'agriculture, conduisant à des pratiques délétères et déconnectés des enjeux sociétaux. En élevage laitier, les animaux sont de plus en plus concentrés pour satisfaire les besoins de méthanisation. Il faudrait des contrôles pour éviter les dérives.
Nous ne sommes pas contre l'installation d'outils de méthanisation à l'échelle de la ferme, dans le but d'accroître son autonomie énergétique. Comme pour l'irrigation, nous nous posons deux questions : de quelle installation s'agit-il ? Quel est son objectif ? Nous ne sommes pas opposés aux méthaniseurs ou aux microméthaniseurs qui servent à alimenter la ferme en énergie. En revanche, si la méthanisation fait passer au deuxième plan l'aspect nourricier de la production agricole, nous dénonçons une dérive dangereuse. Cette mise en concurrence est en totale contradiction avec l'objectif de souveraineté alimentaire.