Les pesticides et produits phytosanitaires peuvent avoir des effets négatifs sur la production : l'apiculture en offre un bon exemple. Et pour évaluer la productivité, il faut aussi tenir compte des externalités négatives. En matière de souveraineté alimentaire, nous sommes loin du compte dans diverses filières, notamment celle des fruits et légumes. Les pratiques conventionnelles ne nous empêchent pas d'avoir une balance commerciale négative dans de nombreux secteurs.
Pour ma part, je pense que nous pouvons produire en agroécologie, mais il faut avoir une approche globale, intégrant les externalités négatives, pour en évaluer la productivité. L'usage des produits de synthèse et des produits chimiques a un coût énorme en matière d'environnement et il pèse sur l'avenir agronomique de la France.
Il faudrait développer l'agroécologie à l'échelle du pays pour faire une réelle étude comparative. En tout cas, à l'échelle des fermes, les différences de productivité ne sont pas aussi nettes que certains voudraient le faire croire. L'exemple de la production laitière, que je vous ai donné, est assez flagrant : on peut avoir la même productivité sans importer du soja, mais à condition de tenir compte des surfaces utilisées hors de France dans le calcul. C'est un peu facile de prétendre que l'agroécologie n'est pas assez productive et qu'il est impossible de satisfaire la consommation sans utiliser les intrants et produits synthèse, sans tenir compte des équilibres et des coûts globaux, y compris sociaux et sociétaux.