Ce que vous décrivez est la définition même du greenwashing : les actions ne correspondent pas aux mots, et rien ne bouge. On peint les choses en vert, mais ni le projet ni les actions politiques n'évoluent. La loi d'orientation agricole, qui a été annoncée hier et dont nous avons vu les articles, ne contient rien de fondamental sur le revenu des paysans, qui était pourtant la revendication qui s'exprimait dans la colère agricole, ni sur la gestion du foncier. On peut toujours affirmer des objectifs de souveraineté alimentaire, mais la question est de savoir ce qu'on met en œuvre et ce qui nous fera réorienter correctement les politiques agricoles.
À la différence de celle de la Coordination rurale, notre démarche englobe aussi dans cette définition l'approche écologique et agro-environnementale. Il ne s'agit pas seulement de produire en France pour produire en France – tout en important, d'ailleurs, et en étant dépendant de pays tiers, notamment pour les engrais de synthèse, le soja et d'autres produits –, il faut produire en France en maintenant notre pouvoir agronomique et nos capacités environnementales, qui touchent à la fois à la biodiversité et au climat. Nous avons une approche globale, sans opposer écologie et productivité. L'enjeu est, en fait, de comprendre que notre agriculture est la réponse aux problèmes climatiques et environnementaux, et qu'elle permettra aussi de satisfaire à la souveraineté alimentaire. Parler de souveraineté alimentaire n'aura du sens qu'à partir du moment où nous prendrons les moyens nécessaires.