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Intervention de Stéphane Galais

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 14h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Stéphane Galais, secrétaire national de la Confédération paysanne :

Nous ne sommes pas opposés au commerce international, mais à un commerce international inéquitable et à des accords de libre-échange qui déstabilisent à la fois l'agriculture du pays exportateur et celle du pays importateur. Vous dites que le CETA profite aux agriculteurs en France, mais profite-t-il à l'agriculture ou aux paysans et paysannes ? En d'autres termes, profite-t-il aux industriels de l'agriculture ou aux paysans ? Dans la filière aviaire, que je connais, le pourcentage de production destiné à l'export, déjà assez faible, déstabilise l'ensemble de la production, y compris celle qui est destinée à la consommation nationale.

Dois-je dire à mon voisin qu'il va produire pour exporter et que cela fixera l'ensemble du prix de ses produits au-dessous de son coût de production ? En effet, sur le marché international – face, par exemple, à la Nouvelle-Zélande –, nous n'avons pas tous la même capacité de production, le même pouvoir agronomique. Cette mise en concurrence est délétère et ne profite certainement pas aux paysans qui vendent leurs produits à un prix inférieur à leur coût de production, mais à l'industrie agroalimentaire car, si nous exportons certaines productions de qualité, nous exportons aussi des productions industrielles.

Vous mettez en avant la capacité de la France à nourrir le monde, mais ces exportations déstabilisent aussi les marchés locaux et la production locale, partant la capacité nourricière des populations locales et leur souveraineté alimentaire. Nous considérons qu'il peut y avoir du commerce international à condition que celui-ci respecte la possibilité pour chaque pays d'instaurer sa souveraineté alimentaire.

En outre, l'exportation d'un produit – en l'occurrence les céréales – ne doit pas justifier l'exportation de toutes les productions agricoles. Nous devons nous fixer des priorités, car il ne faut pas sacrifier la diversité de nos productions agricoles pour épouser ce modèle de marchandisation mondiale. En tout cas, cela ne marche pas. C'est un constat factuel : le nombre de paysans diminue et nous sommes confrontés à des difficultés en termes tant de maintien et de renouvellement des générations que de souveraineté alimentaire. Ces échanges internationaux et la marchandisation de l'agriculture mondiale ne nous ont pas plus permis d'éviter la déstabilisation de l'agriculture et de maintenir notre capacité de souveraineté alimentaire qu'ils n'ont mis fin à la faim dans le monde.

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