Cette crise conjoncturelle – car j'espère qu'elle n'est pas structurelle – n'enlève rien à la qualité du modèle de l'agriculture biologique et elle ne doit pas nous en détourner. On a voulu cantonner l'agriculture biologique à un marché de niche à côté du marché conventionnel, alors que ce devrait plutôt être un projet politique de transition vers la fin des pesticides et des intrants chimiques. Un marché contraint peut susciter des problèmes conjoncturels liés à l'offre et à la demande ou à la surproduction, c'est-à-dire à des effets de marché. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps pour faire sortir le bio de cette logique de marché et en faire un projet politique global pour accompagner la nécessaire transition agroécologique, en nous donnant les outils pour le faire.
La loi Egalim proposait un tel outil en prévoyant que la restauration collective comporte 50 % de produits bio et durable. Il faut commencer par là, mettre en œuvre ses dispositions pour les rendre effectives et supprimer les faux labels. Tout un travail de sape a été orchestré pour décrédibiliser l'agriculture biologique – je pense en particulier au label HVE, « haute valeur environnementale », censé garantir les mêmes objectifs que l'agriculture biologique mais sans résultats effectifs. Il faut faire un peu de ménage pour assurer transparence et éducation. Ces labels suscitent de la défiance envers l'agriculture biologique, et ce n'est pas correct. Une première mesure pourrait donc consister à éliminer le label HVE de la conditionnalité de la loi Egalim.