Il me semble intéressant de revenir sur les caractéristiques de la ligne ferroviaire afin de compléter les propos de M. Gibelin.
La ligne Toulouse-Castres-Mazamet constitue une des lignes de desserte fine du territoire en Occitanie L'Occitanie comprend mille quatre cents kilomètres de lignes de desserte fine sur l'ensemble du territoire et la ligne Toulouse-Mazamet est longue de cent-cinq kilomètres, dont une vingtaine de kilomètres de doubles voies. Cette ligne n'est pas électrifiée, mais elle présente la particularité de bénéficier d'une double technologie de signalisation afin de permettre son exploitation. Sur le tronçon Toulouse-Saint-Sulpice, la ligne est télécommandée depuis le poste de commandement de Toulouse via la commande centralisée Toulouse-Teissonnières.
Sur le tronçon entre Saint-Sulpice et Mazamet, la ligne est exploitée en bloc manuel de voix unique (BMVU). Aucune obsolescence n'est programmée pour cette technologie d'exploitation et donc aucun renouvellement n'est planifié.
Cette ligne comprend également des ouvrages structurels, à savoir non seulement deux tunnels de six cents mètres et de neuf cents mètres entre Toulouse et Saint-Sulpice, qui sont en voie unique avec des gabarits limitants, mais également cinq viaducs entre Saint-Sulpice et Castres ainsi que soixante-dix-sept passages à niveau, soit treize entre Toulouse et Saint-Sulpice, quarante-six entre Saint-Sulpice et Castres et dix-huit entre Castres et Mazamet.
Ces précisions montrent qu'il est complexe de comparer la ligne Toulouse-Castres Mazamet aux lignes Toulouse-Montauban ou Toulouse-Albi. Il s'agit effectivement d'une ligne de desserte fine du territoire, contrairement à Toulouse-Montauban qui circule sur un réseau structurant dont l'infrastructure est profondément différente, tout comme le niveau de trafic et la typologie des circulations. Sur la ligne entre Toulouse et Montauban, nous enregistrons en moyenne quatre-vingt-quinze circulations de voyageurs et quinze circulations de fret, à comparer aux vingt-deux circulations sur le tronçon entre Saint-Sulpice et Mazamet et aux soixante-huit circulations sur le tronçon entre Toulouse et Saint-Sulpice.
En outre, le nombre de passages à niveau rend l'exploitation de cette ligne plus complexe et plus fragile, en raison de nombreux incidents qui affectent sa régularité. La proximité des passages à niveau majore les effets de ces incidents.
Je vous confirme que cette ligne a déjà fait l'objet de nombreuses opérations de régénération non seulement via le précédent plan rail entre 2009 et début 2010, mais également à travers le nouveau plan rail, porté par la région Occitanie, de huit cents millions d'euros sur la période 2023-2027. En effet, ce plan rail prévoit près de dix-sept millions d'euros d'investissements sur le tronçon reliant Saint-Sulpice à Mazamet, pour le confortement d'ouvrages d'art, le remplacement d'appareils de voie et le remplacement de voies et de ballast.
Le temps de parcours ferroviaire entre Toulouse et Mazamet s'élève à une heure et quarante minutes, le meilleur temps étant d'une heure et trente-huit minutes. Le temps de parcours ferroviaire entre Toulouse et Castres s'élève à une heure et dix minutes, le meilleur temps étant d'une heure et sept minutes.
Nous rencontrons des difficultés d'exploitation de la ligne ferroviaire en raison d'une occupation de zone sur le tronçon Castres-Mazamet par les opposants à l'autoroute A69. Nous avons été amenés à interrompre les circulations ferroviaires depuis le 8 mars 2024. De nombreux actes de malveillance ont été perpétrés et la présence de personnes sur les voies ne nous permettait plus d'exploiter la ligne en toute sécurité et avec la qualité requise du service. Nous avons subi neuf dérangements d'installations sur les passages à niveau entre le 1er janvier et le 7 mars 2024, ainsi que de nombreux envahissements de voies qui nous ont conduits à interrompre les circulations pendant sept journées à cette période. Nous avons déploré de nouvelles dégradations sur le passage à niveau 93, le 2 avril dernier.
Toutefois, la zone occupée ayant été déplacée et éloignée des infrastructures, après un échange avec la préfecture, nous avons décidé de réaliser les travaux nécessaires pour permettre une réouverture de la ligne en toute sécurité. Les travaux sont en cours et doivent se terminer ce soir. Les derniers trains de travaux passent au moment où je vous parle pour une réouverture de l'infrastructure en fin de journée et une reprise des circulations commerciales dès demain, si rien ne s'y oppose. J'attire cependant l'attention sur le fait que s'il venait à y avoir à nouveau de nombreuses dégradations ou des personnes sur les voies, et que les conditions de sécurité ne soient à nouveau pas réunies, il n'est pas exclu que nous soyons contraints d'interrompre à nouveau les circulations, mais ce n'est pas notre objectif et nous sommes dans une dynamique de reprise de l'exploitation de la ligne.
Je vous confirme que nous avons bien été saisis par la région Occitanie pour réaliser une étude préliminaire de différents scenarii concernant des travaux nécessaires, afin de renforcer l'offre ferroviaire. Nous avons étudié un scénario dit « optimum » qui consiste en un doublement de l'ensemble de la voie entre Toulouse et Mazamet et en une modernisation de la signalisation puisque la signalisation actuelle limite l'exploitation. Le chiffrage de ce scénario « optimum » a conduit à une estimation de 2,7 milliards d'euros aux conditions économiques de 2023, soit un peu plus de 4 milliards d'euros aux conditions économiques de 2034.
En parallèle, nous avons étudié un scénario dit « minimaliste », scénario d'optimisation, qui consiste en un doublement de la voie uniquement sur l'axe Toulouse-Saint-Sulpice, une électrification de la voie entre Toulouse et Mazamet et une modernisation de la signalisation, toujours nécessaire pour permettre de développer le trafic. Ce scénario « minimaliste » amène à une estimation préliminaire de 669 millions d'euros aux conditions économiques de 2023, soit un milliard d'euros aux conditions économiques de 2034.
Nous sommes également saisis dans le cadre des études multimodales menées pour le projet de service express régional de Toulouse afin de réaliser des études préliminaires sur l'étoile de Toulouse, y compris sur cet axe ferroviaire.
Quel que soit le scénario étudié, il nécessite de lourds investissements compte tenu non seulement des fortes contraintes d'exploitation et de la caractéristique de l'infrastructure, mais également de la saturation ferroviaire de l'étoile de Toulouse, qui limite les capacités de développement de l'offre ferroviaire sur cet axe Toulouse-Castres-Mazamet. S'agissant de cette saturation du complexe ferroviaire de Toulouse, nous étudions un scénario de création d'une avant-gare à la hauteur de Balma, afin de permettre une desserte ferroviaire Balma-Castres-Mazamet avec un rabattement sur le réseau urbain Tisséo-métro.
S'agissant des capacités de développement du trafic ferroviaire, il existe effectivement des infrastructures logistiques sur cette ligne. Nous disposons d'une installation terminale active à Saint-Sulpice, mais aucun besoin n'a été manifesté. Du côté de Lavaur, une cour pour marchandises est classée C3, ce qui signifie qu'elle n'est plus entretenue et qu'elle n'est donc pas accessible immédiatement, mais qu'elle pourrait être remise en service.
À Castres, il existe une installation terminale active, mais dont la partie privative n'est pas aménagée. La cour pour marchandises de la gare de Castres est accessible immédiatement, mais elle est limitée en charge à l'essieu, et n'accepte que de la charge C, soit vingt tonnes à l'essieu au lieu d'une charge D, classique, à vingt-deux tonnes cinq à l'essieu.
Je vous confirme que cette ligne comporte un centre de transport combiné qui contient des voies classées C3 et qui nécessitent donc une reprise de la maintenance pour être exploitées. Nous n'avons enregistré aucune expression de besoin à ce jour.
Un développement satisfaisant du fret pourrait être réalisé, sous réserve de respecter la charge admissible sur la ligne. Nous n'avons enregistré aucune demande en ce sens depuis plusieurs années.