Intervention de Anne Stambach-Terrenoir

Réunion du mercredi 10 avril 2024 à 15h30
Commission d'enquête sur le montage juridique et financier du projet d'autoroute a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Stambach-Terrenoir :

Ma première question s'adressera à Monsieur Crozet.

En mars 2023, vous évoquiez la question de la rente autoroutière dans les colonnes du journal Ouest France, estimant que plusieurs milliards d'euros par an partaient dans les caisses des sociétés concessionnaires. Si vous vous opposiez à une renationalisation des autoroutes françaises, vous pointiez néanmoins des précautions à suivre pour les prochains contrats, dont celle de faire des contrats plus courts ou encore que ces contrats « rémunèrent les investissements dans les infrastructures routières tout en faisant baisser les prix des péages ».

J'aurais voulu connaître votre point de vue sur ce projet de l'autoroute A69, d'autant que le contrat entre l'État et Atosca a effectivement été passé pour une durée de 55 ans. De même, les estimations des coûts de péage ne cessent de croître, d'un aller-retour initialement facturé à 16 euros, pour un véhicule léger, à près de 20 euros aujourd'hui.

Quel est votre point de vue sur le coût du péage et peut-il, selon vous, être un frein ?

Par ailleurs, dans un entretien au journal Libération, concernant le Pass rail, vous disiez que la voiture resterait dominante, mais vous incitiez à penser au partage de la voirie. Vous n'ignorez pas que l'A69 est parallèle à une route nationale déjà existante et qui aurait dû être réaménagée. Sur cette question du partage de la voirie, l'association La Voie est libre a justement travaillé à une alternative citoyenne impliquant un réaménagement de la route nationale, mais aussi une meilleure valorisation du train (notamment par l'augmentation des fréquences de passages), ainsi qu'une vélo-route permettant d'effectuer les liaisons modales entre les différentes sections.

Que pensez-vous de ce type de solutions alternatives à l'autoroute ?

Monsieur Ivaldi, je voulais revenir sur le calcul repris dans votre tribune aux Échos. Vous partiez d'un prix de péage annoncé par Atosca, soit 6,77 euros à l'époque. Or les estimations actuelles avoisinent 19,50 euros, soit 9,75 euros pour un simple aller, ce qui s'avère largement supérieur aux chiffres que vous évoquiez. Pourtant, en refaisant les calculs, je suis arrivée à un coût total de l'ordre de 14,55 euros, à la différence des 11,53 euros de votre calcul final. Vous disiez que l'autoroute n'était pas chère, au motif qu'une prise en compte des émissions de CO2 aurait abouti à des tarifs été largement plus élevés. Cela me pose une question, au point de me demander si cette autoroute n'est justement pas la mauvaise solution. On parle du possible développement de la voiture électrique, mais pour l'instant, nous n'y sommes pas. Dès lors, ne vaudrait-il pas mieux valoriser le train ?

Dans ce même article, vous avanciez que le train ne serait pas une solution satisfaisante au motif que les billets les plus avantageux ne seraient réservables qu'à des heures convenant aux seuls étudiants. À l'heure où la politique publique s'oriente plutôt dans le sens d'une valorisation du train, il me semble tout à fait possible de franchir un tel obstacle.

Au vu de l'ensemble de ces éléments, continuez-vous à penser que l'autoroute apporterait un gain économique réel ?

De manière tout à fait pragmatique, ne pensez-vous pas que l'augmentation du prix du péage sera un frein matériel à l'utilisation de l'autoroute par les usagers ?

Nonobstant le possible gain de temps, sur lequel les estimations fluctuent d'ailleurs, ne pensez-vous pas que ce coût puisse être un véritable frein ?

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