Ce qui ressort de la littérature économique est que la présence des effets d'agglomération est un vecteur essentiel des décisions en matière d'infrastructures et de transport.
Selon mes collègues Bénos et Taulelle, la condition sine qua non de la réussite tient à la maturité de la coordination entre les acteurs d'un territoire. Sans estimer pour ma part qu'elle est sine qua non, il est vrai que les effets d'agglomération supposent une certaine coordination entre les acteurs et une capacité à échanger autour d'un projet de territoire partagé.
S'agissant des chiffres présentés par Yves Crozier, je pense qu'on n'a pas tué Lyon avec le TGV, pas plus que Marseille ou Bordeaux. En même temps, Toulouse, qui n'a pas de TGV, est une des zones où l'emploi industriel s'est le plus développé dans les années récentes. Il est très probable qu'à la suite de l'arrivée hypothétique du TGV, Toulouse perde moins d'emplois que Bordeaux, en raison de la dynamique et des effets d'agglomération de cette ville. En revanche, je peux prédire que l'arrivée du TGV dans une ville comme Dax n'occasionnera pas un bénéfice comparable à la liaison entre Paris et Londres, laquelle s'est évidemment avérée très profitable.
Les bassins d'emploi d'Albi et de Castres sont similaires sur de nombreux aspects : l'un est relié à Toulouse par une autoroute (en grande partie gratuite) et l'autre non. L'équipe de rugby d'Albi évolue dans le championnat national et celle de Castres est dans le top 14.
Faut-il en déduire que l'A69 serait inutile ? Pour répondre précisément à la question, il faudrait savoir ce qu'aurait été le bassin d'emploi de Castres s'il avait bénéficié d'une autoroute depuis 40 ans. C'est bien l'intérêt de réaliser des DUP et des analyses socio-économiques que de poser cette question. Les représentations géographiques sont intéressantes, mais ne donnent pas nécessairement d'explications sur les dynamiques de situations à venir.