Intervention de le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre

Réunion du mercredi 20 mars 2024 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre, directeur du service national et de la jeunesse au ministère des armées :

Votre question porte finalement sur le rapport des élites aux questions de défense et avec la jeunesse française dans toute sa diversité. Votre proposition me parle, étant issu d'une génération qui a connu le service militaire et les aspirants venant de l'ENA, qui côtoyaient à l'armée, la jeunesse dans toute sa diversité. Nous avons beaucoup parlé de la jeunesse des quartiers, qui nous semble peut-être la plus distante de la République. Mais il existe aussi une jeunesse des élites plus bourgeoises, qui n'est pas forcément si proche de toutes les valeurs de la République. Une fois encore, il importe d'éviter les préjugés et les discriminations.

S'agissant de l'éventuel rétablissement du service national, la réponse a été donnée par le chef de l'État et le ministre des armées. Jusqu'à présent, elle consiste à accroître l'épaisseur de la ressource humaine du ministère des armées, en augmentant la réserve. Le Président de la République a par ailleurs indiqué que le débat n'était pas figé et que si les circonstances l'exigent, nous devons être prêts à rétablir un service national, sous une forme militaire ou autre. Pour le moment, je préfère, à l'heure actuelle, raisonner sur des formes nouvelles d'identification et de mobilisation des talents et des compétences. De plus, il convient de ne pas idéaliser le service militaire, toutes les unités n'en gardent pas un bon souvenir. Même si l'aspect sociologique et de socialisation est très important, il faut bien réfléchir à l'effet stratégique – notamment de défense – auquel nous voulons aboutir.

Ensuite, je crois beaucoup à la complémentarité de la communication officielle, dont l'accès doit être facilité, en particulier pour les jeunes, avec la communication plus informelle, qu'il serait erroné de vouloir contrôler.

Le soft power est essentiel, mais je souligne que le ministère a déjà beaucoup investi, produit ; il coédite notamment des ouvrages littéraires. Ici aussi, il faut parvenir à rallier les esprits et trouver des business models favorables au monde du cinéma. Des succès d'audience ont déjà été évoqués précédemment.

Je n'observe pas un manque d'implication des jeunes. Il faut en revanche prendre garde à l'indifférence, qui peut entraîner un désengagement, voire de l'hostilité. Or sans le soutien de la population, ni légitimité populaire, l'armée n'est rien, non seulement en matière de recrutement, mais également dans l'action. La JDC et la communication devraient faciliter ce lien.

Je ne peux pas répondre à la question de la territorialisation du SNU, mais je vous rejoins pour estimer qu'elle est incontournable.

Les classes engagées connaissent quant à elles un réel succès. Au-delà des questions politiques et idéologiques que j'entends, je relève l'existence d'un enjeu d'apaisement et de pacification des relations au sein des établissements. Nombre d'entre eux ont vu dans ces classes l'opportunité d'avoir des classes modèles, d'avant-garde, qui rallient plus qu'elles ne marginalisent.

Ensuite, si le SNU est généralisé, un transfert de la JDC devra effectivement être réalisé, car il ne sera pas possible de continuer avec deux modèles parallèles. Dès lors se posera la question du contenu et donc de la place du ministère des armées, non seulement pour l'aspect mémoriel, mais aussi pour celui de la défense nationale et militaire au sein d'un séjour qui est aujourd'hui conçu comme non militaire.

Une question a porté sur les quartiers prioritaires de la ville. Je discute beaucoup avec les acteurs de terrain, et nous nous rendons compte qu'il est plus bénéfique de sortir les jeunes des quartiers que de nous y rendre. Cela ne signifie pas que nous devons les éviter de manière permanente, puisque nous sommes une référence parmi d'autres institutions de la République. L'approche par le sport me paraît critique, un point clé, pour toucher ces jeunes, qui ont souvent beaucoup d'énergie à revendre.

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