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Intervention de Nicolas Henry

Réunion du mercredi 20 mars 2024 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Nicolas Henry, président des Jeunes IHEDN :

Je suis particulièrement heureux d'être parmi vous ce matin pour pouvoir porter la parole de la jeunesse aux côtés du directeur du DSNJ et de la fédération Atlas. Permettez-moi de commencer mes propos liminaires par quelques éléments de contexte, afin de situer notre association et son écosystème.

Les Jeunes IHEDN ne sont ni un parti politique, ni un syndicat, ni un organe du ministère des armées ou du gouvernement. Mes paroles n'engagent pas non plus l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), bien que nous évoluions dans un même écosystème. L'IHEDN dispense de nombreuses formations sous différents formats – national, régional et jeunes. Sa mission consiste à promouvoir la culture de défense, participer au renforcement de la cohésion nationale et contribuer ainsi au développement d'une réflexion stratégique portant sur les enjeux de défense et de sécurité.

Depuis sa création en 1936, l'IHEDN dispose donc d'une communauté très vaste d'auditeurs, ayant ainsi donné naissance au cours du temps à une quarantaine d'associations réunissant environ 8 000 membres, partout dans les territoires. Toutes ces associations, d'anciens auditeurs, pour certaines réunies au sein de l'Union IHEDN, travaillent à la diffusion de la culture de défense et se positionnent avec une liberté propre à la loi du 1er juillet 1901, en soutien aux actions de l'IHEDN.

L'association des Jeunes IHEDN a été créée en 1996, avec la mise en place des sessions IHEDN Jeunes, lors de la suspension du service militaire. L'association regroupe les auditeurs jeunes formés par l'IHEDN. Sa particularité, au sein de la communauté IHEDN, est de s'ouvrir à l'ensemble de la jeunesse et donc aux non-auditeurs.

Notre association apolitique, areligieuse et apartisane s'est dotée, depuis sa création, de trois principales missions définies dans ses statuts : développer l'esprit de défense et d'engagement pour en approfondir la connaissance, en particulier au sein de la jeunesse, au moyen d'actions éducatives, culturelles et pédagogiques ; participer à la réflexion nationale et à la sensibilisation sur les enjeux de défense de sécurité nationale, des relations internationales et de la souveraineté dans toutes ses expressions – et à ce titre, être force de proposition auprès des institutions compétentes en la matière ; et enfin apporter son concours à l'IHEDN pour l'accomplissement de sa mission.

Citoyenneté, défense, sécurité nationale, souveraineté, mémoire ou encore relations internationales sont autant de thématiques sur lesquelles notre association estime que la jeunesse peut faire émerger des solutions concrètes et durables. Les jeunes IHEDN se sont ainsi dotés, au cours de temps, de quinze comité d'étude afin d'aborder l'ensemble du spectre, à la fois géographique (Asie, Moyen-Orient, Afrique) et thématique (cyber, maritime, spatial). Plateforme d'engagement et réservoir de réflexion, l'association offre, en France et à l'international, différents moyens de s'investir au profit des grands enjeux d'avenir qui animent notre pays. À cette fin, nous disposons de quatorze délégations régionales, réparties sur l'ensemble du territoire national, dans toutes les régions en métropole, mais aussi en outre-mer avec la Polynésie française – nous avons d'ailleurs l'ambition d'ouvrir d'autres antennes dans nos territoires ultramarins – et de vingt-trois délégations internationales sur les quatre continents, du Canada à la Corée du Sud en passant par la Jordanie.

Ces cinquante-deux entités constituent la force de notre association, qui organise chaque année environ 400 événements (conférences, ateliers, rencontres, visites généralistes ou techniques), et diffuse également plus de 200 publications, articles, rapports, interviews, dossiers spécialisés ou fiches métiers, publications audio via notre podcast « Fort Éclair » ou vidéos sur notre chaîne YouTube. Toutes sont mises gratuitement à disposition du grand public.

L'association met un point d'honneur à valoriser les contributions et mettre en lumière les compétences de ses membres engagés auprès d'un réseau d'acteurs diversifiés, de partenaires enclins à promouvoir la jeunesse. Les membres de l'association s'investissent également dans les projets de plus grande envergure aux côtés d'autres acteurs : participation aux réflexions des groupes de travail de la commission armées-jeunesse, réalisation d'un rapport, soumis à votre commission, sur la LPM ; animation de la Journée défense et mémoire dans le cadre des séjours de cohésion du SNU ; participation aux événements et salons de promotion (la Fabrique Défense, le Forum innovation défense) ; intervention lors des événements de l'IHEDN ; participation aux réflexions sur la réserve opérationnelle ; réflexion sur l'armée de terre et la JDC, aux côtés de la fédération Atlas ; réalisation d'un jeu de culture générale pédagogique pour faciliter la transmission et l'apprentissage de ces sujets auprès de l'ensemble de la population. Notre association a par ailleurs reçu, en 2023, l'agrément national au titre des activités de jeunesse et d'éducation populaire.

Qui sommes-nous ? Nous sommes des étudiants, des jeunes professionnels, fonctionnaires, salariés du secteur privé, militaires d'active ou de réserve ; tous bénévoles. Les jeunes s'efforcent de fédérer une communauté passionnée et engagée. Aujourd'hui, l'association peut compter sur plus de 2 800 membres à jour de cotisation, d'une moyenne d'âge de 24 ans. Les deux tiers suivent des études de niveau bac+5 sur les sujets des relations internationales, de la sécurité ou des sciences politiques. Le tiers restant est composé de jeunes professionnels, évoluant en partie au sein de notre base industrielle et technologique de défense (BITD). Grâce à l'engagement de notre jeunesse et son implication citoyenne, l'association a l'honneur d'être doublement parrainée par le ministre des armées et le chef d'état-major des armées depuis 2019. La qualité de nos travaux permet à notre association d'être reconnue d'intérêt général depuis 2020.

Comment fonctionnons-nous ? Notre association dispose de deux principales sources de revenus : les cotisations des membres, volontairement accessibles pour permettre à tous de nous rejoindre et de diversifier nos profils ; et les dons et subventions extérieures de nombreux partenaires publics ou privés. Par souci de transparence sur la neutralité de nos activités, l'ensemble de ces soutiens sont rendus publics et présentés sur notre site internet. Nos différentes subventions publiques émanent du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse ; du ministère des armées et du ministère de l'intérieur et des outre-mer. Il convient également de mentionner la participation financière publique à certains de nos projets de la part de la DSNJ et de l'Office national des combattants et des victimes de guerre (ONACVG), pour ne citer que les principaux. Notre association ne reçoit aucune subvention de l'IHEDN et ne peut accéder directement au soutien du fonds des trinômes académiques dédiés à la jeunesse, n'étant pas partie prenante de cette organisation.

En parallèle de ces activités de sensibilisation de la jeunesse, les Jeunes IHEDN se sont engagés depuis plusieurs années à soutenir l'œuvre nationale du Bleuet de France par des collectes régulières, ainsi qu'à prendre part au devoir de mémoire sous différentes formes, aux côtés des associations nationales et du secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire. S'agissant de l'implication de la jeunesse dans la défense globale, je constate une progression régulière du nombre de nos membres – mais rien de notable en lien avec les récents conflits – ainsi qu'une attractivité forte sur des thématiques cyber, industrielles, l'intelligence économique et la prospective. Une partie des jeunes semble donc pleinement vouloir prendre part à ces sujets, comme en témoigne la quantité toujours importante de candidats aux sessions IHEDN jeunes.

Quels sont nos espoirs pour notre association ? Je note actuellement une difficulté à toucher les populations d'ingénieurs, qui semblent moins enclins à s'investir dans un engagement associatif. Cet état de fait peut s'expliquer par la faible valorisation dans ces filières des activités extrascolaires, en comparaison avec les masters. Nous devons également travailler en faveur d'une meilleure représentativité des profils qui nous composent, sur le plan des parcours scolaires et des domaines d'activité qui sont d'ailleurs liés ou non au monde de la défense. Nous comptons pour cela sur notre maillage territorial et nos partenaires tels que la DSNJ.

Ensuite, depuis la sortie des confinements successifs, nous subissons une certaine mutation de l'engagement par une « consommation » plus cyclique et ponctuelle de l'association. Nous devons donc redoubler d'efforts pour pouvoir assurer certains événements, l'embauche étant une piste étudiée pour pallier les difficultés liées à une activité intégralement bénévole. La jeunesse semble également en quête de plus de sens dans ses engagements, étant assez consciente du réseau attractif que nous proposons et de la diversité des parcours personnels et professionnels de chacun. Pour paraphraser Jean Cocteau, « la jeunesse sait ce qu'elle veut avant de savoir ce qu'elle ne veut pas ».

En conclusion, au sein d'une société dans laquelle tout le monde parle, mais peu écoutent, je me réjouis de constater que la parole de la jeunesse semble de plus en plus importante aux yeux des institutions, comme le démontre l'augmentation des auditions et des groupes de réflexion auxquels nous sommes associés.

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