Intervention de Thierry Breton

Réunion du mardi 30 avril 2024 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Thierry Breton, commissaire européen :

Sur l'interdiction de produire des véhicules neufs à moteurs thermiques, j'avais proposé pour ma part, es qualité, de disposer d'un peu plus de temps, c'est-à-dire de fixer un horizon à 2040. Il se trouve que la démocratie européenne – c'est-à-dire le Parlement et le Conseil – a retenu l'échéance de 2035. J'ai cependant rajouté une clause de revoyure en 2026, qui a pour objet d'établir un premier bilan. Transformer l'ensemble du secteur automobile dans un délai aussi court constitue un défi majeur, qui n'est cependant pas inatteignable. Pour y parvenir, je réunis tous les trois mois l'ensemble des parties prenantes : les constructeurs automobiles, les fabricants de batteries, les producteurs de lithium, les fournisseurs de grids, les fournisseurs de bornes, les fournisseurs d'énergie électrique décarbonée. Pour le moment, nous sommes en retard et il est nécessaire d'accélérer, comme en témoignent les indicateurs publics que nous avons mis en place. Encore une fois, nous répondons en ce sens aux demandes de la démocratie européenne.

Il en va de même concernant l'énergie, sujet absolument majeur. Nous allons devoir électrifier l'ensemble de notre continent, évidemment de façon décarbonée. Dans ce contexte, l'énergie nucléaire est appelée à jouer un rôle très important. Puisque vous me suivez visiblement sur les réseaux sociaux, vous savez que j'ai été de ceux qui ont beaucoup insisté pour remettre l'énergie nucléaire au goût du jour. Chaque pays demeure maître de son mix énergétique mais nous avons rendu l'énergie nucléaire acceptable et acceptée par l'ensemble de nos collaborateurs et dans toutes nos régulations : de fait, l'ensemble de nos régulations, actes et lois considère le nucléaire à part entière, au même titre que d'autres sources d'énergie.

Le prix du gaz a quant à lui diminué de manière très marquée, et même incroyable en passant de 300 euros le mégawattheure à moins de 20 euros, ce qui témoigne de la très grande volatilité des marchés de l'énergie, qui demeurent assez mystérieux. En effet, en la matière, le véritable indicateur concerne la parité de pouvoir d'achat. Or la parité de pouvoir d'achat européenne n'a pas varié avec celle des États-Unis depuis 2000. Cela ne doit certes pas nous exonérer de conduire des actions pour améliorer notre compétitivité. Ensuite, il faut également rappeler que la démographie joue aussi un rôle important en matière de croissance. Entre 2000 et 2024, la population américaine s'est accrue de 18 % – contre seulement 4 % en Europe –, quasi exclusivement par l'immigration.

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