Intervention de Thierry Breton

Réunion du mardi 30 avril 2024 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Thierry Breton, commissaire européen :

Ce montant de 100 milliards d'euros a été proposé par la première ministre estonienne, qui a même envisagé un mode de financement fondé sur des eurobonds. Nos équipes ont quant à elles travaillé sur deux dimensions.

La première concerne le suivi de la boussole stratégique. En compagnie de Josep Borrell, le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et de l'ensemble des Vingt-sept, nous avons travaillé pour la première fois à un Livre blanc de la défense européenne, tout en préservant – je le redis encore une fois – l'autonomie stratégique des États et leur souveraineté.

Aujourd'hui, la protection de quatre espaces contestés ne peut pas être nationale. Il s'agit de l'espace aérien au sens européen, de l'espace maritime – l'UE dispose de la première zone économique exclusive ou ZEE –, de l'espace cyber et du spatial. Pour ces quatre espaces, la décision a été prise de travailler ensemble et d'établir un bouclier européen. Dans le domaine cyber, un dôme de protection ou cyber shield est en phase de test dans trois pays. Il repose notamment sur des supercalculateurs et des programmes d'intelligence artificielle permettant de détecter précocement les menaces. Un même dôme de protection globale porte sur notre espace aérien, qui intègre évidemment une dimension antimissiles. La même réflexion doit concerner notre espace maritime, en sachant que nous ne disposons aujourd'hui que d'un seul porte-avions, grâce à la France. Cette protection de l'espace maritime concerne également les fonds marins, et notamment les câbles, les infrastructures sous-marines. Enfin, s'agissant de l'espace, nous avons développé une stratégie de déploiement d'une constellation de satellites de protection – IRIS² ou Infrastructure de résilience internet satellitaire sécurisée –, financée par le budget européen. Dans ce domaine, certaines infrastructures sont déjà partagées, qu'elles soient civiles ou militaires. Je pense notamment à Galileo, qui fournit une bien meilleure précision que le Global positionning system (GPS) américain.

La deuxième dimension a pour objet d'accroître le cofinancement de l'augmentation de notre appareil de production industrielle de défense, grâce aux 140 milliards d'euros supplémentaires que j'ai déjà mentionnés.

Les 100 milliards d'euros évoqués pour le fonds pour la défense doivent fournir une aide à l'ensemble des pays de l'Union, dont le PIB global est je le rappelle de 16 000 milliards d'euros. Nous sommes parvenus à lever 750 milliards d'euros pour faire face aux conséquences de l'épidémie de la Covid. Ensemble, je ne doute pas que nous trouverons les mécanismes pour financer ces 100 milliards. Ce montant important me semble néanmoins légitime compte tenu des risques existentiels auxquels nous ferions face si nous ne prenions pas plus en main notre défense.

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