Il s'agit d'une excellente question. Nous avons déjà évoqué la question de la mise en place d'un espace informationnel européen, afin de disposer d'un marché unifié et de bénéficier de profondeur, mais il manque encore une infrastructure pour servir de support à ces services. Je le dis sans détour : nous ne sommes pas à la hauteur de ce qui sera nécessaire en 2030. Nous sommes très en retard dans le déploiement des réseaux, de la fibre ou de la 5G.
De la même manière, nous sommes en retard en matière de régulation, la dernière en date remontant à 2000. À l'époque, les opérateurs historiques de télécommunications devaient ouvrir à la concurrence le marché des infrastructures, qui étaient alors essentiellement composées de réseaux de cuivre. Désormais, la notion de réseau est bien complexe, en raison de l'évolution de la technologie, qui permet de placer des supercalculateurs dans les nœuds de réseau, et propose la fibre, le satellite ou d'autres services. Nous avons donc mené une très large consultation, pendant près d'un an, auprès de toutes les parties prenantes : les opérateurs de télécommunications, les fournisseurs de technologies, les consommateurs, les industries. Je leur ai demandé de m'aider à construire une vision commune, une infrastructure en matière de réseaux pour pouvoir faire face aux milliards de données que nous allons générer quotidiennement, les stocker, les exploiter. Les résultats de ces réflexions figurent désormais dans un Livre blanc, qui a été produit il y a près de deux mois.
Désormais, la vision est partagée et il importe d'engager le travail législatif. Je souhaite que la prochaine Commission européenne s'empare au plus vite du projet et je suis très heureux que, dans son rapport, Enrico Letta ait repris trois dimensions pour accroître la compétitivité du marché intérieur : le marché des capitaux unifiés, un nouveau marché des télécommunications – le cas échéant avec des adaptations de la régulation – et un marché beaucoup plus harmonisé en matière d'énergie.