Je partage avec vous l'idée qu'il est effectivement préférable d'acheter français ou européen plutôt qu'américain. Cependant, nous sommes confrontés simultanément à la réalité de la guerre sur notre continent, qui implique d'agir vite. C'est la raison pour laquelle je lutte tous les jours pour augmenter notre disponibilité, y compris avec le mécanisme inspiré du FMS, évoqué précédemment, qui nous permettra d'acheter français et européen.
Pour le reste, seul le président de la République est en mesure d'engager le feu nucléaire. Il est donc le seul habilité à en parler. En 2020, puis en 2022 à Toulon et la semaine dernière à la Sorbonne, il a rappelé que l'usage de l'arme nucléaire peut être engagé si les intérêts vitaux de la nation sont menacés. Or ceux-ci comportent une dimension européenne. En revanche, il n'a jamais dit qu'il voulait partager, ni la décision qui appartient à lui seul, ni même le financement.
S'agissant du troisième volet de votre question, le président de la République m'avait invité à y répondre implicitement par le rapport que l'ancien premier ministre italien Enrico Letta a remis il y a quinze jours. Ce rapport souligne à juste titre que pour avoir un marché intérieur de plus en plus homogène, il est nécessaire de disposer d'un marché des capitaux plus globalisé et unifié. Celui-ci doit permettre notamment aux start-ups et PME de pouvoir se financer, en bénéficiant de la profondeur offerte par les 450 millions de consommateurs européens. Les États-Unis en font de même avec leur marché de 330 millions d'habitants, au même titre que la Chine et sa population de 1,4 milliard d'habitants.
Le sens de nos propositions est plus nuancé que les craintes que vous avez pu formuler. Celles-ci portent sur la supervision commune au niveau européen et l'harmonisation des lois sur les faillites. Ces propositions ont vocation à être discutées ; nous en sommes pour le moment au stade préparatoire. En résumé, l'objectif consiste à bénéficier d'un marché des capitaux plus harmonisé et plus européanisé, au sens global du terme, pour permettre à notre épargne d'être investie sur notre continent, quand aujourd'hui 330 milliards d'euros quittent chaque année les États de l'UE pour être investis sur le marché américain.