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Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 10 avril 2024 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Nous sommes arrivés au terme de cette audition. J'aimerais exprimer un certain nombre de remarques, sous forme de questions, que les propos tenus m'ont inspiré.

Vous avez décrit tous les trois, de manière très convaincante et précise, la manière dont les mouvements djihadistes se déclinent. Vous avez dressé un bilan qui faisait apparaître qu'après l'éradication de Daech, nous avons assisté à une décentralisation et une invisibilisation à certains égards de différents mouvements. Initialement, l'État islamique a émergé et a exercé le contrôle d'un territoire. Dans une deuxième phase, il s'est implanté sur un certain nombre de territoires plus ou moins vacants politiquement dans différentes régions du monde, ou bien a trouvé des soutiens auprès de gouvernements « amicaux ». Enfin, nous avons assisté à la diffusion d'une idéologie de manière déterritorialisée, y compris en France par le biais d'un certain nombre de mosquées, conduisant à des actes terroristes et criminels. Les trois attentats qui ont touché récemment des enfants et des adolescents sont typiques de cette nouvelle forme de menace.

Le lien avec l'islamisme est assez avéré, que ce soit pour l'affaire de Viry-Châtillon ou l'agression de Samara par exemple. Comment les parlementaires que nous sommes peuvent-ils lutter ? Il me semble que nous avons été assez efficaces face à une menace « néolithique », c'est-à-dire face à un groupe occupant un territoire donné, conduisant à l'élimination de Daech, que nous avons été moins efficaces sur des terres que nous avions colonisées dans le cadre d'interventions régaliennes classiques, que nous ne sommes pas trop inefficaces face aux opérations d'attentats organisées – bien entendu nous ne pourrons jamais totalement les empêcher, tout comme nous ne pouvons pas arrêter tous les criminels – grâce à nos services de renseignement sur le terrain, mais que nous sommes relativement démunis – quelles que soient nos convictions politiques respectives – face à des initiatives individuelles, de la part de personnes faibles, mal éduquées et à qui des valeurs très pernicieuses ont été inculquées, à l'image de la vague de violence qui frappe actuellement aux abords de certains collèges. Cela impliquerait une intégration de l'appareil d'État dans les champs de la justice, de l'éducation, de la sécurité, etc. Nous ne sommes pas collectivement organisés de manière satisfaisante à cet égard. Cela rend le phénomène que nous étudions aujourd'hui assez angoissant. Partagez-vous cette réflexion ?

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