Des moyens considérables ont été mobilisés pour lutter contre le terrorisme et la France en est un très bon exemple. La Cour des comptes a publié un rapport très détaillé où elle dévoile les montants financiers et les moyens humains consacrés à la lutte antiterroriste. Par ailleurs, l'arsenal législatif a été considérablement renforcé et vous y avez contribué en tant que députés. Je pense donc que nous sommes très bien dotés. Par ailleurs, la France est encore très vigilante face à la menace djihadiste, étant donné que nous avons été particulièrement touchés. La France fait donc plutôt figure d'exemple.
Il est plus difficile pour nous, en revanche, de traiter la problématique de l'extrémisme non violent, qui est en développement. En France, nous avons pris le problème du séparatisme à bras-le-corps, avec là encore une loi, mais les démocraties libérales sont confrontées à un défi lorsqu'il s'agit de lutter contre des mouvements subversifs mais pas nécessairement violents.
Ainsi, en résumé, nous sommes bien dotés pour lutter contre le terrorisme même si, naturellement, des acteurs peuvent parvenir à passer entre les mailles du filet. Même les États autoritaires et policiers ne parviennent pas à 100 % d'efficacité, comme en témoignent les récents événements à Moscou. En revanche, lutter contre les mouvements subversifs non violents est plus compliqué pour une démocratie libérale.
S'agissant de la coopération européenne, il existe de grandes différences entre les États européens, tant du point de vue du degré d'appréciation de la menace terroriste que des priorités stratégiques. Plus vous vous déplacez vers l'Est, moins les pays sont préoccupés par le terrorisme. Leur menace numéro un est la Russie, suivie de la Russie et de la Russie. C'est notamment le cas en Pologne et dans les pays baltes. Et parmi les pays encore préoccupés par le terrorisme, certains accordent plus d'attention aux groupuscules d'extrême-droite qu'à la mouvance djihadiste. Seuls quelques États membres de l'Union européenne placent la mouvance djihadiste au même niveau que la France. Nous pourrions essayer de former une coalition avec eux et tenter de l'élargir mais il n'existe pas de consensus sur le sujet à Bruxelles.
Pour ce qui est des conséquences de la guerre en Ukraine, les menaces ne se remplacent pas, elles se cumulent. Nous ne devons donc pas céder à la « mode » du moment, qu'elle soit guidée par les médias ou basée sur des éléments plus objectifs. Il est donc important que des acteurs restent focalisés sur les menaces qui n'occupent plus la « Une », du moins jusqu'au prochain attentat.