Intervention de Marc Hecker

Réunion du mercredi 10 avril 2024 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Marc Hecker, directeur-adjoint de l'Institut français des relations internationales (IFRI) et rédacteur en chef de la revue Politique étrangère :

Les idéologies du Hamas et de Daech sont distinctes. L'idéologie de Daech est celle d'un djihadisme international, tandis que le Hamas associe le djihadisme à une forme de nationalisme. Le Hamas est d'ailleurs parfois qualifié d'islamo-nationaliste. Or le nationalisme est quasiment une forme d'hérésie aux yeux de ceux qui prônent le djihadisme international, qui considère que cela divise l'oumma : la communauté des croyants. Cela étant, dans la charte du Hamas, on y retrouve, certes, des références nationalistes mais l'idéologie autour de Jérusalem dépasse le cadre de la Palestine.

Cela étant dit, au vu des événements du 7 octobre 2023, je fais partie de ceux qui considèrent que nous avons affaire à une « daéchisation » des méthodes du Hamas. Certains modes opératoires utilisés le 7 octobre présentent des similitudes avec la mouvance djihadiste internationale. Les chercheurs essaient d'ailleurs toujours de comprendre pourquoi le Hamas a utilisé des méthodes aussi radicales, qui correspondent davantage à celles de la mouvance islamiste internationale.

Il n'existe que peu d'éléments mettant en évidence des efforts de préparation d'attentats en France depuis le Sahel. J'ai personnellement connaissance d'un seul cas où l'auteur d'un attentat avait exprimé une allégeance à un émir sahélien mais ce cas est plutôt exceptionnel. On voit aussi parfois des contradictions entre la propagande et le discours de certains responsables. Je pense par exemple à l'émir d'AQMI, qui avait affirmé que son groupe ne visait pas le territoire français, alors que d'autres responsables, à un échelon inférieur, avaient très clairement fait savoir que la France était visée. Nous ne devons donc pas partir du principe que, dès lors qu'aucun attentat préparé dans le Sahel n'a été commis sur notre sol, cet état de fait pourrait se prolonger indéfiniment. Le développement de sanctuaires est une menace pour nous, surtout sur des territoires où existent des liens historiques avec la France.

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