Tous les pays n'ont pas nécessairement les moyens de mener des recherches dans différentes zones. En France, nous sommes relativement sous-dotés pour suivre une menace aussi diffuse. Parmi les sources utilisables, je mentionnerai celles du Combating Terrorims Center de Westpoint, aux États-Unis, et notamment CTC Sentinel – une publication mensuelle – ou la base Acled, qui recense les violences politiques dans le monde entier. Cette dernière permet de voir très concrètement la montée de la violence au Sahel par exemple. Je vous recommande également le Long War Journal et les cartes éditées par l'Institute for the Study of War.
Pour ce qui est des motivations, je pense qu'une distinction doit être établie entre les groupes et les organisations, d'une part, et les personnes radicalisées de l'autre. Les organisations élaborent une véritable stratégie, ou agency en anglais. Elles agissent en fonction de textes doctrinaux qui identifient très clairement leurs ennemis, qui sont en particulier les Occidentaux mais plus largement tous ceux qui ne leur ressemblent pas, de près ou de loin. Quant aux individus qui passent à l'acte, leurs motivations peuvent être très variées. Elles dépendent de leur parcours de radicalisation mais aussi de leur profil socio-psychologique. Les spécialistes identifient des facteurs d'attraction ou de répulsion. Le contexte dans le quartier de la personne peut également être propice à sa radicalisation. Des individus peuvent y être incités à passer à l'acte. Les chocs moraux peuvent aussi servir de déclencheurs, comme il y a quelques mois avec le lancement de l'offensive militaire à Gaza à la suite de l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023.