Je ne suis pas sûr que l'agroécologie fasse partie intégrante des pratiques, monsieur le ministre.
Tout à l'heure, notre collègue Lavergne a donné un exemple très intéressant, celui de son copain vigneron qui ne gagne pas d'argent avec sa production de vin bio, mais en gagne à peine plus avec le conventionnel. Notre collègue Potier a relevé que toutes les externalités négatives de l'agriculture conventionnelle sont à l'heure actuelle pour notre pomme. C'est nous qui payons pour réparer les conséquences de ce mode de production – restaurer les masses d'eau et les écosystèmes notamment. Toute la difficulté, cher collègue Lavergne, consiste à rémunérer les aménités positives. Hier, j'ai proposé d'élargir le périmètre des paiements pour services environnementaux (PSE) pour prendre en compte ces aménités positives. Cela permettrait de surmonter un obstacle à la transition vers un autre modèle appelée de ses vœux par le collègue Potier. Lors d'une audition de la commission d'enquête, il avait relevé que ce que les agriculteurs prennent en compte quand ils décident s'ils veulent opérer une transition vers le bio, y rester ou se déconvertir, c'est l'excédent brut d'exploitation (EBE) des deux modes d'exploitation. Un scientifique nous disait que quand on est en bio, l'excédent brut d'exploitation est inférieur d'environ 10 % à ce qu'il serait en conventionnel. Les agriculteurs bio ne sont pas rémunérés pour toutes les aménités, c'est-à-dire pour tous les services qu'ils rendent à l'environnement et aux santés humaine et animale. L'agroécologie n'est pas qu'un concept : elle consiste aussi à concevoir des politiques publiques qui permettent de rémunérer ces aménités positives à la hauteur du rôle qu'elles jouent pour l'ensemble de la société.