Si nous voulons atteindre la souveraineté alimentaire, nous devons renforcer l'autonomie de notre système agricole, afin de pouvoir faire face au mieux aux chocs et aux crises. Cela nécessite de nous diriger vers des systèmes moins dépendants d'intrants de synthèse, qui, en plus d'avoir des effets collatéraux coûteux pour la société, sont largement importés et sont entre les mains d'un très petit nombre d'acteurs économiques, sur lesquels ni la puissance publique ni les producteurs n'ont la main.
La France est en effet de loin le premier marché de pesticides à usage agricole en Europe. Elle représente un quart des ventes totales, pour une valeur estimée à 3 milliards d'euros en 2017 – une somme, figurez-vous, équivalente aux subventions publiques agricoles dédiées à la protection de l'environnement, qui s'élèvent à environ 2,7 milliards d'euros.
En matière de souveraineté, ensuite, en vingt ans, le marché mondial des engrais et des pesticides a doublé mais le nombre de ses acteurs a fondu. On comptait seize multinationales des pesticides en 1990 mais au gré d'une succession de fusions-acquisitions, ils ne sont plus que quatre groupes à jouer dans la cour des grands : Bayer, BASF, Syngenta Chemchina et Corteva, qui détiennent plus des deux tiers du marché des engrais et des pesticides, mais aussi des semences agricoles. À l'exception de Syngenta, qui appartient désormais à l'État chinois, les trois plus grands fabricants d'engrais et de pesticides ont pour point commun d'être en partie détenus par les cinq mêmes fonds d'investissement privés américains : BlackRock, Vanguard, State Street, Capital Group et Fidelity. On retrouve aussi ces acteurs dans le capital des géants de l'agroalimentaire que sont Nestlé, Kellogg's, Unilever ou Coca-Cola.
Tout ce que je viens d'énumérer étant sans doute assez éloigné de ce que chacun, ici, peut estimer être de l'ordre de la souveraineté alimentaire française, nous vous proposons d'adopter cet amendement.