L'intitulé de la commission ne me semble pas correspondre à son objet. Si l'on veut établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France, on ne peut pas s'en tenir à la production d'électricité. En outre, on associe la souveraineté énergétique au nucléaire, ce qui est erroné.
Il conviendrait d'enquêter aussi sur les dissimulations et les minimisations de la part d'EDF concernant l'état du parc : les incidents s'enchaînent et la moitié du parc est à l'arrêt, ce qui constitue une grave atteinte à la sûreté et à la sécurité, y compris à celle de nos milieux, avec des eaux polluées, des températures excessives, etc. On se trompe d'objet. Le problème du nucléaire, c'est la corrosion sous contrainte et les incidents, plutôt que la fermeture de Fessenheim ! RTE et EDF ont d'ailleurs reconnu qu'on ne pouvait pas réinvestir dans cette centrale et qu'il fallait la fermer.
Si l'on peut comprendre la volonté de l'opposition de droite de dénoncer les revirements de Macron en matière de politique énergétique, sa vision me paraît restrictive et obsolète. Nous sommes en 2022 : il faut analyser la crise énergétique à l'aune de la situation actuelle, afin de protéger les intérêts et la souveraineté énergétique de notre pays. Nous, écologistes, souhaiterions que cette investigation porte plutôt sur les monstrueux projets relatifs aux énergies fossiles. Pourquoi la France soutient-elle les activités de Total en Russie, avec la guerre en Ukraine, en Ouganda, avec le projet Eacop (East African Crude Oil Pipeline), et au Yémen, avec l'ancienne usine gazière de Balhaf ? Il serait en outre nécessaire d'examiner le retard pris par la France en matière d'énergies renouvelables. Certains parlent d'idéologie à propos du nucléaire mais ce sont eux qui sont enfermés dans la vision selon laquelle le nucléaire garantirait la souveraineté énergétique de la France : il n'en est rien, et c'est une des causes de la faiblesse de la production énergétique française actuelle. Si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de climat et de production d'énergie, il nous faut changer de mentalité et sortir de cette culture dominée par le nucléaire.