Dans l'esprit du projet de loi, notre groupe propose de fixer pour objectif minimal l'installation de 300 000 agriculteurs supplémentaires par rapport à la date d'entrée en vigueur du texte. Les chiffres sont alarmants : 100 000 exploitations agricoles ont encore disparu entre 2010 et 2020, suivies par plus de 14 000 fermes depuis le lancement officiel du Pacte et loi d'orientation agricole (PLOA) par Emmanuel Macron il y a dix-huit mois, en septembre 2022. Que de temps perdu et surtout, que de fermes perdues ! Le nombre d'exploitations agricoles a été divisé par quatre en cinquante ans pour atteindre un étiage de 390 000 exploitations, selon le dernier recensement. À leur tête, il reste à peine 500 000 exploitants et coexploitants ; la part des exploitants agricoles dans l'emploi total ne cesse de régresser.
Si ce projet de loi était adopté en l'état, nous ne pourrions éviter la poursuite de cette véritable hémorragie, d'autant que l'agriculture française n'a jamais connu aussi peu de jeunes dans ses rangs. Selon le recensement agricole de 2020, seulement 20 % d'agriculteurs ont moins de 40 ans et la moitié des exploitations sont dirigées par au moins un exploitant âgé de 55 ans ou plus, qui a déjà atteint ou atteindra l'âge de la retraite dans la décennie qui vient. Sans une politique d'installation renforcée, notamment à destination des jeunes, la France pourrait compter, à l'horizon 2035, moins de 200 000 agriculteurs. C'est contre cette perspective que nous devons nous mobiliser.