Ces dix dernières années, le système agricole tout entier a subi les conséquences des changements climatiques, vouées à s'accentuer. Dans mon département de l'Hérault et dans l'ensemble du Languedoc-Roussillon, toute la filière viticole est concernée. Sur les cinq dernières récoltes, une seule est considérée comme normale s'agissant du rendement. Les chaleurs précoces conjuguées à la grêle, les fortes intempéries d'août, les sécheresses et l'aridification du pourtour méditerranéen enferment chaque année un peu plus les viticulteurs dans une crise fatalement durable.
Ces artisans de la terre n'arrivent plus à produire, leur trésorerie se vide et leur avenir s'obscurcit. Que faire ? Arrêter totalement la viticulture, qui a commencé il y a 2 000 ans dans la région, n'est pas la solution. Certains cépages sont plus résistants à la sécheresse, moins consommateurs en eau. Certaines pratiques sont plus adaptées. Ainsi, Olivier, viticulteur à Vic-la-Gardiole, sème et laisse pousser l'herbe entre les rangées de ses vignes. En plein été, son sol est moins chaud de 10 degrés que ceux, labourés, de ses voisins viticulteurs. Cette pratique n'est pas encouragée par l'État car elle diminue de quelques pourcents le rendement. Pourtant, l'herbe permet de ne pas arroser, de stocker l'eau, de réduire les inondations et d'augmenter la biodiversité.
Ces pratiques agroécologiques sont autant d'adaptations qu'il est nécessaire de démocratiser. La volonté politique, notamment dans l'accompagnement, ne doit pas faire défaut. L'adaptation passe par le changement des pratiques ; encore faut-il un investissement initial. L'arrachage massif, que vous plébiscitez, monsieur le ministre, ne sera jamais la solution, plutôt un aveu d'échec. Il est grand temps de permettre aux viticulteurs d'expérimenter d'autres pratiques, fondées sur une production diversifiée et l'apport de mesures agroécologiques, pour adapter leurs vignobles.