Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mercredi 5 octobre 2022 à 17h05
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Nous connaissons actuellement l'une des plus graves crises inflationnistes de notre histoire, alimentée principalement par l'augmentation du prix de l'énergie, notamment celui de l'électricité, qui a atteint près de 1 100 euros le mégawattheure à la fin du mois d'août, soit dix fois son prix habituel.

Face à cette situation, la Commission européenne a fini par admettre qu'il était temps de réformer les mécanismes du marché européen de l'électricité. Au passage, je lui fais confiance pour produire un système tout aussi incompréhensible et inopérant que le précédent, en pire. En attendant, le Gouvernement français brandit avec force publicité le bouclier tarifaire, sa seule mesure, financée par le budget de l'État, donc par nos impôts – il faut le dire clairement.

Or ces mesures n'agissent que sur les symptômes de la crise profonde que nous traversons. C'est la logique même de marché qu'il faut remettre en cause. Sans le marché, il n'y aurait pas eu cette crise sur la facture électrique : les prix auraient suivi les coûts du système électrique, lesquels n'ont augmenté que de 4 % en 2021 par rapport à 2020. Sans le marché, EDF ne vendrait pas son électricité à 50 euros le mégawattheure à des concurrents virtuels qui la revendent à 500 euros le mégawattheure sans avoir produit le moindre électron, alors même qu'ils s'y étaient engagés.

Il faut donc sortir de ces mécanismes européens absurdes de fausse concurrence et revenir à un tarif réglementé fondé sur les coûts réels de production, afin de garantir un prix stable et prévisible. Il faut sortir de cette mécanique financière de spéculation pure. Ne m'opposez pas que je souhaite isoler la France de la solidarité européenne, la déconnecter du réseau ; les interconnexions sont indispensables et elles existaient bien avant que vous n'appliquiez votre délire financier au secteur de l'énergie. Vous nourrissez des requins de la finance avec la chair des Français, leur salaire, et vous venez leur expliquer, la bouche en cœur, qu'il va falloir couper la wifi et éviter les mails rigolos !

Madame la ministre, les faits sont têtus. Allez-vous enfin reconnaître l'évidente faillite de votre dogme du marché, et l'abandonner ? Avez-vous seulement sollicité vos services pour étudier cette voie alternative ?

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