Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que mon collègue Matthias Tavel. Je voudrais parler des voies de la décolonisation. On peut tout à fait imaginer que les peuples de Nouvelle-Calédonie, plutôt que de choisir l'indépendance – comme ils ont le droit de faire –, décident de créer un État plurinational, avec une citoyenneté et plusieurs nationalités sur ce territoire. Pourquoi pas ?
Ils pourraient aussi décider de créer un seul et unique peuple. Ce n'est pas le cas aujourd'hui : nous reconnaissons qu'en Nouvelle-Calédonie, il y a deux peuples, puisqu'il y a un peuple premier.
Les voies de la décolonisation peuvent être pacifiques. Les parcourir prend du temps, mais la colonisation aussi dure depuis longtemps, et s'est faite dans la violence. Nous espérions ne pas rompre avec ce que nous avions réussi à installer depuis quarante ans, c'est-à-dire un dialogue, un processus de décision peut-être lent du point de vue de certains ici, mais qui permettait en tout cas qu'il n'y ait pas de violence, pas de mort.
Le territoire de la Nouvelle-Calédonie est traumatisé par la violence du processus de décolonisation et il n'est pas le seul : nous le sommes tous. Nous ne pouvons pas faire comme si nous étions hors du temps, hors du monde. En ce moment même, dans le monde, la colonisation, sa violence meurtrière et barbare, nous émeuvent, nous bouleversent, nous mobilisent aussi.
C'est un sujet qui peut donner lieu à un certain échauffement des esprits, mais c'est normal, car, pour beaucoup d'entre nous, il remue des choses insupportables. Nous ne supportons pas l'injustice, et ce que vivent les Kanaks en Nouvelle-Calédonie est une injustice qui ne s'arrête pas.
On vous a parlé des injustices et des inégalités sociales et économiques. L'État français ne nous a pas apporté de réponse satisfaisante : il n'a pas réussi à endiguer la violence, à réparer les fautes de la colonisation !