Je souhaite poursuivre le propos de ma collègue, et achever celui que je n'ai pu terminer tout à l'heure. Sur le sujet qui nous occupe, prendre le temps de discuter et de rappeler l'histoire, c'est participer à construire la suite. Je rappelais comment Louise Michel et les communards avaient été déportés en Nouvelle-Calédonie après l'insurrection parisienne de 1871. Vous imaginez à quel point nous revendiquons cette histoire, dont nous sommes les héritiers, et qui nous lie pour toujours à la Nouvelle-Calédonie.
D'autre part, pour ceux qui ont, comme moi, des origines de l'autre côté de la Méditerranée – notamment en Kabylie –, l'insurrection kabyle, qui a eu lieu au même moment que l'insurrection parisienne, et qui a été réprimée avec autant de barbarie et de sauvagerie – il y a eu des milliers de morts –, a conduit à la déportation de plus de 5 000 insurgés kabyles en Nouvelle-Calédonie. Insurgés kabyles et insurgés parisiens se sont ainsi retrouvés en Nouvelle-Calédonie, ont sympathisé, et sont devenus des frères, comme l'écrira Louise Michel – leur histoire durant jusqu'à la mort de cette dernière, elle qui s'était liée à Cheikh El Mokrani et à Cheikh El Haddad. Les opprimés de ce monde, ici les communards de Paris, là-bas les colonisés de Kabylie, se sont retrouvés aux côtés du peuple kanak, et ont appris à se connaître, à devenir frères ensemble. Aujourd'hui, ils font tous partie de l'histoire commune de la Nouvelle-Calédonie.