Cet après-midi a donc été rendu le rapport des sénateurs Étienne Blanc et Jérôme Durain sur l'impact du narcotrafic en France, rapport qui compte 600 pages. Je n'en ai lu pour le moment que les principales conclusions, mais je peux vous dire que j'étudierai l'intégralité de ses propositions avec mes services, et je suis certain que le garde des sceaux fera de même, sous l'autorité, bien sûr, du Premier ministre. Ce rapport est issu des travaux d'une commission d'enquête qui a été menée très sérieusement et à laquelle les services des ministères de l'intérieur et de la justice ont largement contribué ; elle a permis de dresser un état des lieux, que vous relayez ici, de la présence très forte du narcotrafic en Europe mais aussi dans le monde, du fait de plusieurs phénomènes.
Le principal facteur est la baisse du prix de la drogue, liée à la surproduction observée en Amérique du Sud et en Afghanistan et qui touche tous les pays du monde – il suffit d'observer les effets du fentanyl aux États-Unis. Des laboratoires utilisent l'argent ainsi généré pour produire de nouvelles drogues de synthèse, non conventionnelles.
De telles évolutions ont lieu à un moment où de nombreux pays, autour de nous, ont baissé leur garde législative et policière en matière de drogues – voyez ce qui se passe en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Grâce à la France, qui est sans doute l'un des seuls pays à augmenter chaque année, quel que soit son gouvernement, ses moyens de police et de gendarmerie scientifiques et techniques, des problèmes que personne n'avait jamais réussi à résoudre ont été résolus, par exemple le démantèlement des messageries cryptées EncroChat et Sky ECC, avec la coopération d'Interpol et d'Europol.
Nous devons évidemment aller beaucoup plus loin : les annonces du garde des sceaux sur la création d'un parquet national spécialisé dans la lutte antistupéfiants constituent une première grande réponse. Nous avons nous-mêmes doublé les effectifs de police et de gendarmerie pour concentrer davantage de moyens de police judiciaire dans l'interpellation des trafiquants, qui sont de plus en plus nombreux. Aux Pays-Bas ou en Belgique, des avocats, des hommes politiques et des policiers sont menacés et assassinés ; nous n'en sommes pas là mais nous n'en sommes pas loin, si nous n'amorçons pas un réveil stratégique, économique et financier. La lutte contre la drogue est la grande guerre de politique intérieure que notre pays doit mener.
Pour cela, nous tirerons toutes les conclusions du rapport issu de la mission d'information relative à l'application d'une procédure d'amende forfaitaire au délit d'usage illicite de stupéfiants, présenté par les députés Éric Poulliat et Robin Reda, ainsi que du rapport sénatorial Blanc-Durain ; nous y travaillerons avec vous.