Monsieur le Premier ministre, l'épidémie de choléra tue et progresse à Mayotte. L'île possède seulement cinq urgentistes pour une population réelle de 500 000 habitants : nous devrons survivre au refus de votre gouvernement de vacciner la population volontaire et de distribuer de l'eau en bouteille alors que les robinets sont à sec. C'est un scandale sanitaire et de la non-assistance à population en danger. Cette épidémie illustre le naufrage de l'État à Mayotte, mais nous, Mahoraises et Mahorais, sommes debout. Nous nous battons, nous sommes vigilants et nous voulons un avenir. Or celui-ci passe par la desserte aérienne de notre île et par la piste longue.
Le ministre délégué chargé des transports a déclaré, en petit comité, que notre volcan sous-marin excluait la possibilité de construire la piste longue en Petite-Terre en raison d'un risque de submersion et de tsunami. Des risques naturels majeurs et imprévisibles, ainsi que les travaux, priveraient Mayotte de tout aéroport pendant dix-huit mois. Mayotte prend acte de vos arguments, mais quelle mise à l'abri prévoyez-vous pour la population de Petite-Terre, manifestement en danger ? L'État choisit Bouyouni en Grande-Terre pour construire un nouvel aéroport près du port de Longoni. Ce choix ouvre des perspectives économiques inédites et positionne Mayotte comme plateforme logistique du canal du Mozambique.
Prévoyez-vous d'inscrire le budget du nouvel aéroport dans le futur projet de loi sur Mayotte ? À quelle date le premier coup de pioche aura-t-il lieu ? L'État nous dit que l'aéroport actuel sera inutilisable dès 2035, c'est-à-dire demain. Pas le temps de louvoyer pour laisser le dossier au prochain locataire de l'Élysée, comme c'est l'habitude depuis quarante ans ! Les Mahorais n'utiliseront jamais l'aéroport des Comores en attendant que Paris se décide à construire un aéroport pour désenclaver notre département.