Je suis un vieux monsieur de 56 ans ; cela fait quarante ans que ce genre d'événement ne s'était pas produit chez moi. J'ai entendu tout à l'heure qu'il ne fallait pas considérer la question avec légèreté. Je peux vous assurer que tel n'est pas mon cas ; je l'envisage avec une extrême inquiétude et une gravité comme j'en ai rarement ressenti dans ma vie. Je vous le dis, mes chers collègues, parce que nous arrivons à la fin de la séance : le processus institutionnel de la Nouvelle-Calédonie est tellement compliqué – je ne peux même pas prétendre le connaître parfaitement – qu'il ne peut pas se résumer ou se limiter à certains rappels historiques, pour exacts qu'ils soient.
L'épisode de Nainville-les-Roches, qui a été évoqué à plusieurs reprises, a eu lieu en 1983, soit un an avant les événements. La sortie de ceux-ci a été rendue possible par les accords de Matignon et d'Oudinot, puis par l'accord de Nouméa. Dans ce processus, engagé il y a trente-six ans, nous sommes, péniblement, difficilement, toutes sensibilités politiques confondues, parvenus à progresser vers le destin commun. Personne, objectivement, ne renonce à cet objectif. Tout le monde sait que l'histoire a été tragique et personne ne l'a oublié, moi et Nicolas Metzdorf moins que tout autre. Dans mon cas, il ne s'agit pas d'une évocation historique : ces événements, je les ai vécus personnellement.
Parler de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, c'est certes très important ; cela sert à développer des arguments sur des amendements finalement assez peu défendus en tant que tels et à parler du contexte. Je veux simplement vous dire que le processus calédonien – mon collègue Tematai Le Gayic le sait bien car le processus polynésien est lui aussi très compliqué – est complexe et extrêmement fragile.