Ce sera ma dernière intervention ce soir, car je vais retirer les autres amendements que j'avais déposés. Leur objectif était d'apporter des éléments supplémentaires au débat et de faire en sorte que ce projet de loi constitutionnelle puisse connaître un destin commun. Malheureusement, pour des logiques que je comprends, on note la volonté, en vue d'accélérer le processus, de n'accepter aucun amendement. C'est la raison pour laquelle je préfère les retirer : ils n'auraient aucune chance d'être adoptés même si je les présentais de la meilleure des manières possibles.
Nous débattons d'un projet de loi constitutionnelle portant sur la démocratie et l'ouverture du corps électoral. Vous avez confirmé, monsieur le ministre, que se pose également la question du droit à la décolonisation et de toutes les modalités d'exercice de ce droit. Un accord global est nécessaire, même s'il peut s'obtenir dans un deuxième temps. Nous étions ensemble à l'Élysée quand le Président de la République a, pour tous les territoires d'outre-mer qui souhaitent une évolution statutaire ou institutionnelle, ouvert le champ des possibles, selon le principe suivant : dites-nous ce que vous souhaitez et nous essaierons de travailler ensemble sur le processus d'évolution.
Or, ce qui m'interpelle ce soir, en tant que représentant d'un peuple premier de Polynésie, c'est que cette assemblée qui devrait, lors de ce quinquennat, décider de l'avenir institutionnel de mon pays – après celui de Nicolas Metzdorf et de Philippe Dunoyer – ne reconnaît pas la place du peuple premier. C'est en tout cas mon sentiment lorsque j'entends certains collègues. Reconnaître cette place, c'est reconnaître qu'à Wallis-et-Futuna, il y a un statut particulier des terres coutumières et trois rois, l'un à Uvea, les deux autres à Futuna ; qu'il y a un sénat coutumier des tribus en Nouvelle-Calédonie. Or ce n'est pas ce que j'ai entendu au cours du débat : on met de côté la question du peuple premier et des droits des peuples autochtones.