Ensuite, nous parlons de territoires colonisés, donc de territoires fracturés, meurtris, blessés, lorsque la réparation n'a pas eu lieu. À la décolonisation telle que vous la concevez s'ajoute de notre point de vue un volet réparation. L'éminent psychiatre Frantz Fanon, engagé dans l'armée française, a écrit des ouvrages sur ce thème, notamment Les damnés de la terre, dont je vous recommande la lecture : il explique, à partir de son expérience de psychiatre, que la décolonisation est aussi violente que la colonisation. S'il n'y a pas eu de violence lors de la décolonisation, cela signifie qu'elle n'a jamais eu lieu ; les personnes qui s'étaient approprié des terres, notamment, doivent les rendre. C'est pourquoi il évoque la violence dans la décolonisation.
Nous devons comprendre ces principes et ces mécanismes humains. J'entends le point de vue du rapporteur quand il affirme que lui et sa famille n'ont colonisé personne – c'est vrai –, mais, historiquement, il y a un fait colonial.