Comme il a été rappelé, les accords de Matignon et de Nouméa ont consacré le principe d'une citoyenneté. L'objectif était que le processus engagé s'accompagne de la création d'un vivre ensemble, d'un destin commun, d'un peuple commun. Cette citoyenneté permet en outre la protection de l'emploi local et l'acquisition du droit de vote.
Or le présent texte retire la légitimité et l'importance de la citoyenneté – le terme, en effet, n'y figure pas. Voteront ceux qui sont nés en Nouvelle-Calédonie ou qui y sont domiciliés depuis plus de dix ans. Ainsi, le principe même de la citoyenneté n'est pas au principe du contrat proposé ici.
L'objectif de la citoyenneté, j'y insiste, est la création d'un peuple : que le petit-fils de Nicolas puisse demain parler paicî, que celui de Ouamitan parle futunien, que celui de Philippe puisse parler drehu, que la force de la communauté caldoche soit reconnue par les walisiens et que les terres coutumières soient utilisées par les toutes les communautés à des fins agricoles. C'est ça, le destin commun !
Au moment où nous posons la première pierre du nouveau destin commun, nous ne parlons que des élections et du droit de vote en oubliant l'essentiel. Cela me gêne. Comment faire du peuple calédonien un véritable peuple, qu'il n'est pas aujourd'hui, voilà la vraie question.