Face au ralentissement économique en France et en Allemagne, le Gouvernement s'est engagé à rétablir nos comptes publics, avec l'objectif de revenir sous les 3 % de déficit d'ici à 2027, puis d'atteindre l'équilibre des comptes publics en 2032. Les marchés financiers et les agences de notation expriment leur confiance en notre capacité à tenir cette trajectoire exigeante. Nous devrons en faire bon usage.
Le titre absurde du débat proposé ce soir par le groupe La France insoumise sur le thème de « l'austérité imposée par le Gouvernement » m'a personnellement ramené à l'année 2012. À l'époque déjà, je vivais parmi les Français d'Espagne qui, aujourd'hui, ne pourraient que sourire en lisant cette question. Austérité, sérieusement ? Les mots ont un sens, chers collègues. Alors permettez-moi de vous rappeler ce qu'est l'austérité budgétaire.
En Espagne, à la suite de la crise des subprimes, devenue crise immobilière, puis crise bancaire, puis crise de la dette publique, après trois ans de récession et d'application d'un plan de rigueur engagé par un gouvernement socialiste, la part des dépenses publiques dans le PIB était passée de 46,3 % à 41,6 %, soit une réduction de cinq points en trois ans : c'est cela, l'austérité. Aujourd'hui, en France – vous l'avez rappelé, monsieur le ministre –, les dépenses publiques représentent 57 % du PIB. Pour la seule année 2012, les budgets des ministères espagnols furent réduits de 17 % en moyenne et un énième plan d'austérité était annoncé : réduction du nombre de jours de congé des fonctionnaires, augmentation du taux de TVA de trois points, de nombreux produits passant du taux réduit de 8 % à 21 % : c'est cela, l'austérité. Par ailleurs, la stratégie espagnole visant à restaurer la compétitivité provoqua également une baisse des salaires réels par tête. Malgré cela, le taux de chômage en Espagne atteignit en 2012 plus de 25 % en moyenne, 55 % chez les jeunes de moins de 25 ans, et les indemnités chômage passèrent de 60 % à 50 % du dernier salaire : c'est cela, l'austérité.
Alors, chers collègues mélenchonistes et lepénistes, vous devriez cesser de parler d'austérité, sinon quel mot vous restera-t-il pour qualifier les sacrifices auxquels vous devrez rapidement soumettre tous les Français si nous avions le malheur de vous voir un jour présider à la politique économique de notre pays ? Monsieur le ministre, ma question est simple : comment qualifieriez-vous notre politique économique et budgétaire actuelle, qui est tout sauf une politique d'austérité ?