Derrière des chiffres froids, il y a des vies. En février, M. Bruno Le Maire a annoncé une purge budgétaire de 10 milliards d'euros. Quelques semaines plus tard, il indiquait aux Français qu'il faudrait faire un effort – mot que vous avez repris, monsieur le ministre – de 12 milliards à 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour l'année 2025. Mais à qui demandez-vous de consentir cet effort ? Aux grands groupes comme Total, qui a réalisé l'année dernière un bénéfice record de 21,7 milliards ? Non. Aux actionnaires, qui ont reçu 67,8 milliards de dividendes l'année dernière ? Non.
En revanche, pour l'éducation nationale, vous réclamez une réduction budgétaire de 692 millions d'euros. Le Premier ministre, lors de sa déclaration de politique générale, n'avait-il pas affirmé que pour lui, l'école était « la mère des batailles » et qu'il fallait lui donner tous les moyens nécessaires pour réussir ? J'insiste : tous les moyens pour réussir ! Résultat : 692 millions en moins.
Aucune précision n'a été apportée au sujet des postes sur lesquels porteront ces économies. Un mail récemment envoyé aux chefs d'établissement leur a notifié une mesure de réduction de dotations des heures supplémentaires effectives – HSE – et des indemnités pour mission particulière, qui permettent pourtant que des heures devant élèves soient effectuées. Devant l'émotion que cette annonce a suscitée, vous avez reculé, mais un flou demeure. Je vous demande donc de nous dire dans cet hémicycle où ces 692 millions vont être pris au sein de l'éducation nationale, à laquelle je limite ma question ; vous avez le devoir d'y répondre.
Mme Belloubet a assuré dans un premier temps que ces fonds ne seraient ponctionnés que sur les réserves du ministère, puis a fini par avouer devant les syndicats que cette opération ne serait pas indolore. Quand le Premier ministre a déclaré que l'école était la mère des batailles, nous n'avions pas compris que les batailles en question devaient être menées contre l'école publique elle-même. Si vous supprimez 692 millions, les Français comprendront ce qu'il en est de vos priorités.