Certains considèrent pourtant – je les ai entendus à l'instant à cette tribune – que réduire de 1,5 % le budget de l'État et maîtriser la dépense publique en ciblant les dépenses de fonctionnement de l'État et des collectivités territoriales reviendrait à sombrer dans l'austérité. Pardonnez-moi, mais ceux-là n'ont jamais vu de près une politique austéritaire ! Des licenciements massifs de fonctionnaires, des réductions de traitement et de pension, des coupes dans toutes les subventions publiques : telle serait la réalité de l'austérité et de ses conséquences.
Qu'en est-il réellement ? Depuis 2017, le budget de la justice a augmenté de 40 %. Les effectifs de magistrats ont été renforcés et continueront à augmenter jusqu'à la fin de la mise en œuvre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027 (LOPJ).
Depuis 2017, le budget des armées a augmenté de plus de 30 %. La dernière loi de programmation militaire (LPM) vise à poursuivre cette dynamique d'ici à 2030, dans un contexte géopolitique qui impose à la France de pouvoir compter sur des forces armées de plus grande qualité encore.
Depuis 2017, le budget du ministère de l'intérieur a augmenté de plus de 25 %. Grâce à la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), des milliers de policiers et de gendarmes supplémentaires seront déployés partout sur le territoire au service de la sécurité de nos concitoyens.
Au terme de cette période de dix ans, nous n'aurons jamais autant investi dans la transition écologique. Rien qu'en 2024, les dépenses favorables à l'environnement s'élèvent à 40 milliards ; le budget de cette année est historique : il est le plus vert de l'histoire de notre pays. Je le répète, on est loin de l'austérité.
S'agissant des collectivités territoriales, nous les avons aidées au cours de la période, en augmentant la dotation globale de fonctionnement (DGF), en créant un filet inflation leur permettant de faire face notamment à l'augmentation du coût de l'énergie, en créant le fonds Vert et en étendant le périmètre du fonds de compensation pour la TVA (FCTVA). L'effort qui leur est demandé aujourd'hui n'implique pas une baisse de leurs dépenses : il s'agit simplement de limiter la progression de leurs dépenses de fonctionnement à l'inflation minorée de 0,5 point, soit une hausse de 1,9 % en 2024.
Pour y arriver, nous devons nous interroger sur l'enchevêtrement des responsabilités, sur l'efficacité de l'action publique et sur la façon d'en réduire le coût. Nous ne maîtriserons pas nos dépenses sans réformes structurelles. Tel sera le sens des conclusions qui seront bientôt présentées par le questeur Éric Woerth. De même, la mission confiée à Boris Ravignon permettra d'étayer les constats relatifs au coût de notre désorganisation collective. Je continuerai de mener un dialogue constant avec les élus locaux de tous bords et de toutes les régions, pour que nous avancions ensemble sur ces réformes, dont nous avons collectivement besoin.
Quant aux dépenses de sécurité sociale, elles nous ont permis de faire face à la crise sanitaire et de soutenir notre système de santé. En 2023, l'Ondam – objectif national de dépenses d'assurances maladie – hospitalier a, pour la première fois, dépassé les 100 milliards d'euros et, grâce à la poursuite de nos efforts en 2024, il aura augmenté de 26 millions par rapport à 2017. Depuis cette même date, les dépenses de l'Ondam en faveur du grand âge et du handicap ont augmenté de 11 milliards d'euros pour atteindre 31 milliards en 2024.
Cette année, nous continuerons de soutenir des réformes structurelles pour plus de travail, plus de croissance et plus de recettes. Ce que je vous décris ici n'a rien à voir avec l'austérité qui fragiliserait la croissance ; c'est la poursuite d'une stratégie économique payante qui s'accompagne d'une gestion sérieuse de nos dépenses publiques.
Cette stratégie économique, je veux l'assumer, nous y serons fidèles. Nous y serons fidèles parce qu'elle a permis de créer plus de 2 millions d'emplois, de ramener le taux de chômage à 7,5 % – ce trimestre encore, comme les chiffres de l'Insee le montrent, notre économie a créé plus de 50 000 emplois.