En 2017, Emmanuel Macron promettait de réaliser 60 milliards d'économies d'ici à la fin du quinquennat, de ramener les comptes publics à l'équilibre, de réduire notre dette de 5 points et de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Presque sept ans après, voici le résultat : en 2023, le déficit public a connu un dérapage sans précédent, de 5,4 % du PIB, alors que le Gouvernement avait promis qu'il serait de 4,9 %. Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) parle d'ailleurs d'une « année noire pour les finances publiques ». Pour 2024, le nouvel objectif de déficit est de 5,1 % du PIB alors que le Gouvernement tablait jusqu'à présent sur 4,4 %. Cela implique de réaliser 20 milliards d'économies supplémentaires par rapport à ce qui a été voté dans la loi de finances pour 2024. Après les 10 milliards de crédits annulés par décret sans que la représentation nationale soit associée, il reste donc 10 milliards à trouver cette année.
Rappelons que vingt-trois des vingt-huit pays de l'Union européenne d'alors ont profité des taux d'intérêt négatifs pour se désendetter entre 2014 et 2019. La France fait partie des cinq pays qui ont continué d'augmenter leur dette et sera, en 2024, le troisième pays le plus endetté d'Europe. En 2017, au moment de l'élection d'Emmanuel Macron, sept pays avaient une dette plus élevée que celle de la France ; désormais, il n'en reste plus que deux, la Grèce et l'Italie. Même le Portugal, jadis plus endetté que nous, a su faire redescendre sa dette sous la barre des 100 % du PIB. D'ici à 2026, tous les pays de l'Union européenne seront revenus sous les 3 % de déficit public… sauf nous ! Où est donc passé le Mozart de la finance ?
À la fin du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, plus de 72 000 agents de la fonction publique supplémentaires avaient été recrutés, le déficit commercial avait été considérablement accentué et le poids de la dépense publique avait plus que doublé. On est donc bien loin de l'austérité !
Malgré tout, le Gouvernement maintient son objectif d'un déficit public inférieur aux 3 % du PIB en 2027. Les agences de notation Fitch et Moody's laissent clairement entendre qu'elles n'y croient pas. Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un déficit de 4,3 % cette année-là, indiquant d'ailleurs que le déficit français ne devrait pas repasser sous la barre des 3 % du PIB avant 2029.
Les hypothèses de croissance du Gouvernement restant exagérément optimistes, les prévisions en matière de dette et de déficit seront quasi impossibles à concrétiser. Si la croissance française s'avère, comme c'est probable, plus faible que celle qui est attendue par l'exécutif, les économies à faire seront donc plus importantes. Notre taux de dépenses publiques – 56,3 % en 2024 – est supérieur de 8 points à la moyenne de la zone euro, et la France affiche toujours, après le Danemark, le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé d'Europe : 44,1 % du PIB en 2024.
Après sept ans de renoncement et de politique de l'argent magique, le Gouvernement se réveille et annonce soudainement des économies irréalisables, qui risquent de mettre en péril la croissance française. Tout cela, je le répète, sans en référer à la représentation nationale, puisque le président Emmanuel Macron lui-même refuse une loi de finances rectificative. Le groupe Les Républicains met en garde depuis des années sur le risque qui pèse sur notre économie et sur les dangers auxquels la politique du Gouvernement expose notre pays. Des réformes structurelles essentielles doivent être entreprises pour réduire les dépenses publiques et le poids de la dette. Stop à la politique du sparadrap ! À quand un réel débat avec la représentation nationale ?