Vingt mille euros : voilà la valeur d'une vie humaine aux yeux de la bureaucratie européenne. En effet, depuis 2013, le règlement Dublin attribue l'examen de la demande d'asile au pays par lequel la personne est entrée dans l'Union européenne. Avec le nouveau pacte, cette règle demeure mais est complétée par un mécanisme – mal nommé – « de solidarité », visant à la relocalisation de dizaines de milliers de demandeurs d'asile vers un autre pays de l'Union européenne. Contre une amende de 20 000 euros par tête, un pays pourra refuser d'accueillir les personnes migrantes censées y être relocalisées.
On ne peut s'empêcher de s'imaginer qu'un soir, dans un sombre bureau bruxellois, des gratte-papiers ont planché sur la question : « – Combien vaut une vie ? – 10 000 euros ? – Non, ce n'est pas assez ! – 30 000 ? – Non, c'est trop ! – Allez, 20 000, banco ! » Quelle honte ! Quelle indécence !
Il faut mettre fin au règlement Dublin et à l'approche par points d'accès, afin de soulager les États frontaliers et de garantir un partage équitable des responsabilités entre États membres.
Cet infâme pacte européen sur la migration et l'asile ne règle rien s'agissant du véritable cimetière qu'est devenue la Méditerranée. Plus de 30 000 migrants y ont perdu la vie au cours des dix dernières années, une insupportable tragédie qui vaut à l'ancien directeur de Frontex Fabrice Leggeri, candidat aux élections européennes pour le Rassemblement national, une plainte pour complicité de crime contre l'humanité.
Ce pacte ne règle en rien les problèmes structurels relatifs aux migrations. Il ne s'attaque pas aux causes des départs : les dérèglements climatiques, l'accaparement des ressources par les pays du Nord – souvent source de guerre – ou encore les régimes dictatoriaux.
Il piétine les obligations issues des conventions internationales que nous avons signées, dont la Convention internationale des droits de l'enfant, puisqu'il entraînera un enfermement généralisé d'enfants migrants qui seront parqués aux frontières.
L'Europe peut, et doit, permettre l'accueil digne des exilés, car il s'agit de vies humaines. C'est ce que proposent Manon Aubry et la liste de l'Union populaire dans le cadre des élections européennes du 9 juin.