Fruit d'un long travail collectif et transpartisan, le pacte européen sur la migration et l'asile a été largement adopté par le Parlement européen il y a un mois. L'adoption, en décembre 2023, de la loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration témoigne de notre volonté de faire aller de pair les ambitions européennes et les ambitions françaises.
En pratique, toute personne entrant clandestinement dans l'Union européenne pour y chercher refuge sera placée dans des centres installés aux frontières européennes pour être identifiée et enregistrée dans les sept jours suivant son arrivée. Ceux jugés peu susceptibles d'obtenir l'asile seront retenus pour une évaluation accélérée de leur demande, en trois mois maximum. En cas de refus, ils seront renvoyés dans leur pays d'origine. Ce dispositif est conçu pour soulager la pression sur les systèmes nationaux d'asile et pour réduire la présence de migrants en situation irrégulière dans des zones sensibles comme Calais, Nice, Marseille ou les grandes agglomérations telles que Paris ou Lyon.
La solidarité européenne joue un rôle crucial dans la lutte contre l'immigration irrégulière et dans la gestion efficace des flux migratoires. En unissant leurs forces, les pays membres de l'Union peuvent partager les responsabilités et les ressources nécessaires pour sécuriser les frontières, identifier les demandeurs d'asile légitimes et traiter chaque cas avec équité et humanité. Cette solidarité permet également de garantir que les États membres les plus touchés par les arrivées massives de migrants reçoivent le soutien nécessaire pour faire face à la situation.
Aujourd'hui, cette solidarité est défaillante puisque quatre pays, l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie, ont reçu plus des deux tiers des demandes d'asile en 2023. Demain, cette solidarité sera obligatoire mais assortie de la possibilité de choisir entre l'accueil des demandeurs d'asile ou le soutien financier aux pays d'accueil.
En clair, les passagers clandestins de l'Union européenne qui refusent, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, de prendre leur part dans cette solidarité devront payer, alors que la France, qui assume ses responsabilités, sera aidée par l'Union européenne et ses membres. Voilà l'impact du pacte !
D'un point de vue plus politique, ce texte a été un révélateur. D'un côté, la gauche socialiste française et la droite républicaine française s'opposent à un texte négocié et largement voté par la gauche socialiste européenne et la droite républicaine européenne. De l'autre, les extrêmes, fidèles à eux-mêmes, s'opposent à toute solution qui permettrait à notre continent de relever l'un des enjeux majeurs de notre siècle. Pire, le Rassemblement national, à l'origine de ce débat, cherche, comme à son d'habitude, à agiter les peurs, à stigmatiser, à cliver, dans la droite ligne de sa politique.