Le groupe Atos est, nous le savons tous, un acteur pivot de la souveraineté numérique de la France et de l'Union européenne, avec un rôle essentiel dans les secteurs stratégiques tels que la défense, la santé, la recherche scientifique, le nucléaire et bien d'autres. L'entreprise est en effet l'un des leaders européens du cloud ; elle propose aussi des services de cybersécurité, et est le seul constructeur de supercalculateurs, souvent utilisés pour des programmes d'intelligence artificielle en Europe.
Face aux graves difficultés du groupe, le rapport publié il y a quelques semaines par la mission d'information sénatoriale sur l'avenir d'Atos a mis en avant une série de recommandations. Les sénateurs ont en particulier regretté que l'hypothèse d'un maintien du groupe en entier n'ait pas été considérée sérieusement par les services de l'État. Ils n'ont pas non plus jugé satisfaisante l'annonce d'une offre de l'État visant l'acquisition des seules activités souveraines logées dans la branche Big Data & Security (BDS) au détriment de Tech Foundations, dont les activités sont également stratégiques. La mission d'information a souligné l'absolue nécessité, en cas de cession, d'au minimum préserver l'emploi et l'outil industriel, et de contrôler avec une particulière vigilance les investisseurs étrangers intéressés.
Nous partageons ces critiques et ces préventions. Dès lors, compte tenu de l'intervention bien tardive de l'État sur ce dossier, le Gouvernement est-il prêt à reconsidérer les options minimalistes qui sont pour l'heure les siennes pour enfin, en concertation avec les élus et les salariés, bâtir un projet de reprise plus ambitieux de ce fleuron stratégique ?