Madame la ministre, vous avez salué l'initiative du groupe Écologiste de provoquer ce soir un débat sur ce sujet ; je vous en remercie. Cette initiative a également été saluée par quelques collègues qui se sont aussi plaints de l'horaire auquel nous débattons.
Si nous avons provoqué ce débat, c'est parce que, malheureusement, le Gouvernement ne se soumet pas à la discussion parlementaire sur des sujets majeurs. Le Président de la République et le Premier ministre affirment régulièrement que l'éducation relève du domaine régalien. Puis ils se font des peintures de guerre sur le torse pour parler d'autorité et pour assigner la jeunesse de notre pays à une vision très militarisée, très martiale, qui contraste d'ailleurs avec des propos que vous avez tenus. Cela mériterait que nous discutions, car – cela ne vous surprendra pas – nous considérons que les mots et les actes doivent être cohérents. Or il y a là une forme de dissonance cognitive, si je puis dire, d'autant que nous n'avons pas la même lecture que vous du bilan et de l'action actuelle du Gouvernement.
Ma question est assez simple. Nous sommes tous et toutes d'accord pour soutenir que la politique de l'éducation est fondamentale ; c'est une des politiques les plus importantes de la nation. Il n'est pas normal que le Parlement ne puisse ni en débattre ni voter, que le Gouvernement prenne par décret des décisions comme celle relative aux groupes de niveau – peu importe que vous les appeliez désormais groupes de besoins – qui met fin au collège unique issu d'une décision prise il y a cinquante ans. Le collège unique repose sur l'idée que la nation enseigne dans les mêmes conditions et dans un même lieu à des enfants de toute classe sociale, de tout milieu. Sa fin est une décision majeure.
Je pourrais citer d'autres bouleversements, comme l'expérimentation puis la généralisation du port de l'uniforme. Toutes ces décisions méritent un débat de la représentation nationale au cours duquel chacun assume ses positions. Dans ce débat, on observera ainsi la convergence entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national sur des questions importantes, comme on l'a constaté avec la loi « immigration ».
Le Gouvernement s'engage-t-il à permettre à l'Assemblée nationale de débattre et de voter sur ces questions ?