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Intervention de Nicole Belloubet

Séance en hémicycle du lundi 6 mai 2024 à 21h30
Conséquences des bouleversements menés par le gouvernement en matière éducative

Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

L'école, vous l'avez tous dit directement ou indirectement, est le reflet de notre société. C'est aussi le réceptacle de toutes ses dynamiques et de tous ses changements. C'est pourquoi elle doit constamment s'adapter pour rester en phase avec une réalité en perpétuelle évolution. Toutefois, si ces adaptations sont nécessaires, notre cap, lui, demeure : il repose sur la nécessité de faire progresser tous les élèves, partout sur le territoire, en ne laissant personne sur le bord du chemin. C'est cet objectif qui guide mon action au quotidien et qui a guidé l'action du Gouvernement depuis 2017.

Il est vrai que des enquêtes nationales et internationales ont montré que le niveau des élèves n'était pas toujours à la hauteur de nos attentes et de nos investissements, et que nous devions nous améliorer sans cesse sur ce point. C'est pourquoi, depuis 2017, la majorité a entrepris de réformer en profondeur notre système éducatif à tous les niveaux. Je reviendrai sur ces réformes dans quelques instants ; je les inclus dans ma propre feuille de route, que je souhaite vous présenter ici. Je remercie d'ailleurs le groupe Écologiste de nous donner l'occasion d'échanger à ce propos, même à une heure un peu tardive.

Je commencerai par revenir sur les réformes qui concernent les plus âgés de nos élèves : les lycéens. Depuis 2017, nous avons non seulement réformé, mais également guidé la transformation sociale de demain. Je reprends ici la pensée de Ferdinand Buisson, pour qui ce sont les réformes scolaires qui forment les générations capables de penser et d'agir en vue d'une véritable transformation sociale.

La réforme du lycée général qui a débuté en 2018 a acté une volonté très ancienne de briser la cage de fer des filières au profit d'un choix libre d'options. Elle permet ainsi de favoriser l'autonomie des élèves et de lutter contre la cristallisation de choix sociaux qui étaient très fréquents, par exemple, dans la filière S. Elle a également permis de donner plus de poids au contrôle continu et de renforcer l'importance de l'oral lors des épreuves terminales. Elle assure ainsi une meilleure adéquation entre les enseignements du lycée et les attendus de l'enseignement supérieur. Tels sont les objectifs généraux de cette réforme.

Quant à la réforme du lycée professionnel, elle vise une meilleure attractivité de la voie professionnelle, une orientation plus progressive et un accompagnement renforcé de l'élève. Cela importe au plus haut point, tant pour l'avenir de nos jeunes que pour l'attractivité du monde économique. Le baccalauréat professionnel offre ainsi depuis la rentrée 2019 des parcours progressifs sur trois ans, pouvant mener soit à une poursuite d'études, soit à une insertion professionnelle. Depuis la rentrée 2023, la nouvelle phase de la réforme nous permet de mieux accompagner chaque lycéen professionnel, de lutter contre le décrochage et de proposer au lycée professionnel un parcours attractif grâce à une offre et une carte de formations rénovées et mieux orientées vers des métiers d'avenir. Tous les lycéens professionnels bénéficient en outre d'une gratification pour les périodes de formation effectuées en milieu professionnel. En tout, pas moins de 1 milliard d'euros seront investis en 2024 pour transformer la voie professionnelle.

Je tiens à évoquer ensuite les réformes qui concernent les plus jeunes de nos élèves, scolarisés dès 3 ans à l'école maternelle, puis à l'école primaire.

Comme vous l'avez rappelé, nous avons proposé une mesure forte : l'obligation de scolariser les enfants dès l'âge de 3 ans. Prévue par la loi de 2019 pour une école de la confiance, elle constitue un aspect essentiel de la priorité donnée à l'école maternelle et primaire dans le cadre de la refondation de l'école.

Lorsqu'elle correspond à ses besoins et se déroule dans des conditions adaptées, la scolarisation d'un enfant avant ses 3 ans représente une chance pour lui et pour sa famille. C'est ce à quoi nous avons travaillé, en collaborant pleinement avec les collectivités territoriales concernées. En effet, l'entrée à l'école maternelle constitue la première étape de la scolarité et, pour beaucoup d'enfants, la première expérience de la sociabilité ; il s'agit donc d'un moyen efficace de favoriser la réussite scolaire – je rappelle que c'est là notre priorité –, en particulier lorsque, pour des raisons sociales, culturelles, éducatives ou linguistiques, la famille est éloignée de la culture scolaire. Il convient d'ailleurs de rappeler qu'un effort supplémentaire a été effectué pour favoriser la scolarisation des enfants dès l'âge de 2 ans en éducation prioritaire, tant l'acquisition précoce du langage est vecteur d'une socialisation réussie.

Sans m'attarder sur les mesures prises depuis 2017 pour l'école primaire, car vous avez été plusieurs à les évoquer, je me bornerai à rappeler que nous avons favorisé le dédoublement progressif des classes de grande section, de CP et de CE1 en éducation prioritaire, le plafonnement à vingt-quatre élèves de l'effectif des classes hors éducation prioritaire et l'instauration de plans de formation en français et en mathématiques pour tous les enseignants. Nous sommes assez fiers de ces mesures et de leur impact positif pour les enfants et pour la société en général.

Entre l'école primaire et le lycée, le Gouvernement n'oublie pas la place très importante du collège dans l'apprentissage des élèves. C'est pourquoi je souhaite dire un mot de la réforme en cours de déploiement que certains d'entre vous ont évoquée : je veux bien entendu parler du « choc des savoirs ». Il s'agit d'un plan d'ensemble aux mesures nombreuses et complémentaires, telles que la réécriture des programmes ou la refonte du brevet, destinées à apporter des réponses aux fragilités des élèves. Leur déploiement progressif nous permettra d'en apprécier les effets.

La création de groupes de besoins en français et en mathématiques en sixième et en cinquième repose sur quatre principes. Un objectif : faire progresser tous les élèves ; un moyen : l'instauration d'une pédagogie différenciée adaptée aux besoins des élèves ; un refus, sur lequel j'insiste : celui du tri social ; une exigence : le respect de l'autonomie des établissements, qui suppose d'appliquer ces mesures avec souplesse. Nous nous appuierons sur les équipes pédagogiques en qui nous avons pleinement confiance pour assurer la réussite du dispositif. Elles seront ainsi chargées, selon la progression pédagogique retenue, d'identifier les besoins propres à chaque élève. C'est sur cette base qu'elles constitueront les groupes, au plus près de la réalité des besoins des élèves.

Je viens de le rappeler : je suis opposée à toute assignation des élèves. Notre système éducatif doit non seulement viser l'autonomie par rapport à la structure des positions sociales mais également se donner les moyens de corriger les effets les plus flagrants des inégalités sociales et scolaires.

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