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Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du lundi 6 mai 2024 à 21h30
Conséquences des bouleversements menés par le gouvernement en matière éducative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Nous le savons tous, notre système éducatif est en peine. Le métier de professeur n'attire plus, ce dont témoigne le nombre d'inscriptions aux concours. La réforme du lycée général et technologique de 2018 semble avoir accentué le sentiment d'instabilité des enseignants ; ainsi, selon le rapport remis en juillet 2023 par l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) au ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, « il est apparu que la majorité des personnels auditionnés ressentent une impression d'instabilité constante portant sur les fondamentaux mêmes de la réforme. Cette impression est confirmée par un cadre réglementaire qui n'a cessé d'évoluer depuis la mise en œuvre de la réforme en 2018 ».

Les auteurs de ce rapport soulignent toutefois que « les difficultés exprimées, pouvant aller jusqu'à une perte du sens même du métier, ne sont pas toutes imputables à la réforme mais prennent leur racine bien en amont, dans une difficulté croissante de l'exercice de la profession, une détérioration vécue de ses conditions d'exercice et une reconnaissance de la fonction d'enseignant de la part de la société perçue comme très faible ».

La question de la stabilité est bien sûr cruciale. Néanmoins, le Gouvernement a fait différentes annonces relatives aux prochains dispositifs qui seront instaurés à partir de la rentrée 2024 pour élever le niveau de l'école. Je suis convaincue que ces mesures ne pourront porter leurs fruits si le ministère ne redouble pas d'efforts pour que les professeurs puissent exercer leur métier dans les meilleures conditions possibles, ce qui constitue un élément indispensable et fondamental pour le bon apprentissage des élèves.

Les missions de l'école sont nombreuses, et si les professeurs doivent s'y sentir bien afin que les élèves puissent apprendre et devenir les citoyens de demain dans les meilleures conditions, les élèves doivent également y voir un lieu de partage, de sérénité et d'avenir. Or ils y sont confrontés à des périodes stressantes, notamment au lycée, lorsqu'ils doivent faire des choix concernant leur avenir.

C'est en grande partie le rôle de l'école de répondre aux questions : « Pourquoi ? Pour quel métier ? Pour quelles perspectives ? » Or la réforme qui a créé Parcoursup en 2018 a suscité nombre d'inquiétudes, comme ma collègue Estelle Folest et moi-même avons pu le constater dans le cadre de notre récent rapport d'information sur l'enseignement supérieur privé à but lucratif. La plateforme Parcoursup, qui propose plus de 23 000 formations, peut parfois déstabiliser les élèves, qui ont le sentiment de s'y perdre. Certains établissements privés profitent de ce sentiment pour pousser les élèves à les choisir sans passer par Parcoursup. Ainsi, nous écrivions : « Alors que le choix de l'orientation post-bac est un moment angoissant pour les jeunes et que cette angoisse se cristallise au moment de procéder à la saisie de leurs vœux sur la plateforme Parcoursup – 83 % des jeunes se disent inquiets et stressés –, plusieurs écoles mettent au cœur de leur stratégie commerciale l'argument ''hors Parcoursup'', vantant à l'inverse la souplesse de leurs modalités de recrutement, une procédure ''sans stress'', où les résultats scolaires ne sont pas au cœur des modalités de sélection. »

Dans ce contexte, nous recommandions de simplifier et de clarifier l'information disponible sur Parcoursup. Depuis cette année, Parcoursup peut être consulté dès la classe de seconde, ce qui est une bonne chose. D'ailleurs, le dernier rapport du comité éthique et scientifique de Parcoursup recommandait de « travailler sur l'information des parents et des élèves bien avant la terminale ». Parcoursup doit devenir un véritable outil d'orientation.

Néanmoins, d'autres mesures sont nécessaires pour renforcer les outils de l'orientation au lycée. Il faut notamment veiller aux moyens humains et financiers déployés, former les professionnels de l'éducation nationale compétents en matière d'orientation et les sensibiliser aux différentes formes de reconnaissance des diplômes et certifications. Cela faisait également partie des recommandations que nous avions émises dans notre rapport.

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