Je veux tout d'abord remercier chaleureusement nos collègues du groupe Écologiste d'avoir inscrit à l'ordre du jour ce débat sur les conséquences pour l'école des réformes menées par les gouvernements successifs de Macron.
Notre école est malade.
Les derniers résultats de l'enquête Pisa ont mis en lumière son incapacité à gommer les inégalités sociales. Nous avons le système qui reproduit le plus les inégalités : un élève favorisé a, en moyenne, dix fois plus de chance de réussir en mathématiques qu'un élève défavorisé. L'école faillit ainsi à sa mission émancipatrice.
Le pôle médico-social est laissé à la traîne, et nous manquons cruellement d'enseignants parce que le métier n'est plus attractif et que, chaque année, le Gouvernement fait le choix de supprimer des postes. Pour rappel, depuis 2017 et l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée, près de 9 000 postes – 9 000 ! – ont été supprimés dans le second degré. Forcément, lorsqu'on supprime des postes, que l'État décide de ne plus financer les personnels en nombre suffisant, l'école se dégrade.
Nous savons ce que vous allez nous répondre : l'année dernière, le Gouvernement a fait un effort financier pour améliorer la rémunération des enseignants et ainsi rendre le métier plus attractif. C'est vrai, mais force est de constater que quelques dizaines d'euros supplémentaires par mois ne suffisent pas pour faire avaler des couleuvres aux personnels de l'éducation nationale.
Je ne citerai que trois de ces couleuvres macronistes.
Premièrement, le pacte enseignant, qui bouleverse l'organisation de l'établissement, introduit une logique libérale dans l'école, qui était jusque-là épargnée. Il a d'ailleurs été largement rejeté par la communauté éducative puisque 70 % des enseignants ne l'ont pas signé.
Deuxièmement, les groupes de niveau. Comment pouvez-vous penser que le même programme pourra être appliqué dans le groupe des faibles et dans celui des meilleurs ? Je crois surtout que ce n'est pas votre problème et que vous pouvez vous satisfaire d'un système dans lequel les meilleurs seront encore meilleurs, en sacrifiant les élèves les plus en difficulté.
Enfin, les classes surchargées sont, non pas une fatalité, mais un choix politique : on a profité de la décroissance démographique pour faire des économies sur notre école au lieu de s'en servir pour baisser le nombre des élèves par classe.
Les premières victimes de la politique éducative du Gouvernement sont les enfants, les élèves. Cette politique se résume en trois mantras : obsession des résultats scolaires, tri des élèves et autoritarisme. Vos dernières annonces sont inquiétantes pour le devenir de notre système scolaire ; les fantasmes sur l'école d'antan vous ont menée à annoncer des mesures qui dessinent une école punitive.
J'en profite, madame la ministre, pour énoncer nos propres mantras – au cas où vous auriez l'envie d'effectuer un virage à 180 degrés.
Premièrement, mieux un élève sera encadré et accompagné, mieux il réussira son cursus scolaire. Nous sommes donc convaincus qu'il doit être mieux accompagné, mieux suivi, mieux encadré. C'est en renforçant la présence humaine que nous parviendrons à lutter contre la déscolarisation, à apaiser le climat scolaire, à lutter contre le harcèlement, à mieux inclure les élèves en situation de handicap et donc, in fine, à favoriser la réussite scolaire. Pour cela, il faut davantage d'enseignants, de personnels médico-sociaux, de conseillers principaux d'éducation (CPE), d'assistants d'éducation (AED), d'AESH… Mais cela coûte trop cher pour le Gouvernement, qui préfère entreprendre des réformes douteuses à moyens constants, étranglant un peu plus notre système scolaire.
Deuxièmement, la lutte contre la ségrégation scolaire doit mettre fin aux écoles de pauvres et aux écoles de riches, pour que l'école publique donne sa chance à tous les élèves. Pour lutter contre les inégalités sociales et scolaires, il faut mener des politiques contraignantes en matière de mixité. Nous ne pouvons pas nous satisfaire du fait que 10 % des collèges français accueillent 60 % des élèves défavorisés. Le dire ne suffit pas : il faut agir sans tabou en modulant les financements en fonction de l'indice de position sociale des élèves (IPS) et en conditionnant le financement des établissements privés au respect de la mixité sociale et scolaire.
Je ne peux conclure mon propos sans dire un mot de la Seine-Saint-Denis, où, depuis plus de deux mois, la mobilisation ne faiblit pas. Le Gouvernement refuse d'agir ; il n'entend rien. En matière de politique éducative, le principal bouleversement est dû au fait qu'on n'écoute pas le terrain, ni les professionnels, ni les parents, ni les élèves.