Ce site présente les travaux des députés de la précédente législature.
NosDéputés.fr reviendra d'ici quelques mois avec une nouvelle version pour les députés élus en 2024.

Intervention de Emmanuelle Anthoine

Séance en hémicycle du lundi 6 mai 2024 à 21h30
Conséquences des bouleversements menés par le gouvernement en matière éducative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Anthoine :

Cette année, les notes des épreuves de spécialité du baccalauréat ne seront plus prises en compte ; seuls le contrôle continu et les notes obtenues lors de l'épreuve de français le seront. En conséquence, contre toute logique pédagogique, les enseignants sont amenés à gonfler les notes des élèves. Pire, eu égard à l'importance du contrôle continu, ils se retrouvent confrontés à une contestation accrue de leur notation par les parents d'élèves, qui exercent des pressions sur eux. Selon l'établissement, deux élèves ayant le même niveau ne seront pas notés de la même façon.

Outre la création d'une inégalité entre les candidats dans l'accès aux formations de l'enseignement supérieur, ces différences de traitement dévalorisent un peu plus le baccalauréat. En 2020, 98,4 % des candidats ont été admis au bac général. En 2023, ils étaient 95,7 %. Une réussite aussi généralisée lors de l'examen national amène à s'interroger sur certaines pratiques de notation. Lors de la session 2022, alors que les correcteurs des épreuves de spécialité avaient verrouillé la saisie des notes dans Santorin, le système d'aide numérique à la notation et la correction, ils ont eu la surprise de les voir rehaussées jusqu'à deux points. Le ministère a expliqué avoir pratiqué une « harmonisation », sans avoir prévenu les correcteurs, lesquels fustigent une égalisation purement statistique, puisqu'aucun d'entre eux n'a été associé à la démarche. Les inspecteurs de l'éducation nationale (IEN) – dont certains demandent même aux correcteurs de tendre vers une note prédéfinie – sont souvent seuls à la manœuvre. L'harmonisation numérique, qui devait être une exception liée à la crise sanitaire, semble s'être institutionnalisée. Le rehaussement des notes par lots perdure et la tendance semble s'amplifier. La réforme du baccalauréat, qui visait à lui redonner de la valeur, risque malheureusement d'échouer à cet égard.

Le collège souffre également. Récemment, il a fait les frais des expérimentations gouvernementales en matière éducative. En décembre 2023, Gabriel Attal annonçait la création de groupes de niveau – vocable qui semblait susciter votre perplexité, madame la ministre, et qu'il continue d'utiliser. En mars, un arrêté a finalement été pris, consacrant la création de groupes de besoins. Cette vision divergente au sein de l'exécutif a donc abouti à un compromis flou, présenté comme une marque de souplesse. Il faudra effectivement de la souplesse aux chefs d'établissements et aux équipes pédagogiques pour jongler entre ces groupes et les cours en classe entière, lesquels ont été rigidifiés par Matignon qui leur a fixé un plafond de dix semaines par an. Le flou des critères de constitution des groupes aboutira à une mise en place différente d'un établissement à l'autre, au détriment d'une éducation prétendument nationale. Les IEN, qui doivent accompagner l'organisation des groupes, sont eux-mêmes perplexes – perplexité renforcée par le manque de moyens alloués au dispositif. Tout cela s'inscrit, vous le savez, dans le contexte d'une crise des recrutements et du recours massif et prolongé aux contractuels.

Lors de sa conférence de presse de janvier dernier, le Président de la République a annoncé vouloir rendre obligatoire le théâtre au collège, ainsi que l'histoire de l'art tout au long du secondaire, et ce dès la rentrée prochaine. Or les budgets pour la rentrée 2024 ont déjà été adoptés, sans inclure les deux enseignements. Actuellement, deux heures hebdomadaires d'enseignement artistique sont prévues au collège, et l'on ignore comment ces deux heures seront divisées entre quatre enseignements. Se pose, là encore, la question des moyens, à moins que ces évolutions ne se fassent au détriment d'autres matières, à l'image de la technologie, qui a disparu en classe de sixième pour faire de la place au soutien en mathématiques ou en français. Les élèves et les enseignants méritent mieux que ces expérimentations de l'exécutif à leurs dépens !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.