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Intervention de Damien Le Guay

Réunion du lundi 24 avril 2023 à 16h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie

Damien Le Guay, philosophe, président du Comité national d'éthique du funéraire :

Monsieur Le Gendre, ce débat mobilise effectivement pour plusieurs raisons : la peur de la mort conduisant à vouloir la banaliser, le fait que nos sociétés soient des sociétés de maîtrise, le refus du tragique. La mort est devenue une question médicale et non plus avant tout une question familiale ou spirituelle.

Madame Cristol, le projet de loi parle de volonté « libre et éclairée », ce qui est plus que questionnable dans des situations d'abandon et de fragilité où, effectivement, la personne existe aussi en fonction du regard d'autrui. Régis Aubry, membre du CCNE, précise bien que « les demandes d'aide active à mourir sont rarement l'expression d'une volonté, mais d'un épuisement, d'une souffrance, que nous avons l'obligation morale et médicale d'interroger et de soulager ».

Pourquoi suis-je conduit à penser que les verrous sauteront ? Jean-François Delfraissy a lui-même indiqué qu'une autre loi viendrait compléter celle-ci, avec d'autres demandes. De fait, il n'existe pas un seul exemple étranger dans lequel les verrous d'origine ont tenu longtemps. En outre, à partir du moment où l'aide à mourir est sortie du champ de la fin de vie et du pronostic vital engagé, tout devient possible. Or, les études montrent que les personnes qui demandent aujourd'hui de manière persistante cette aide active en raison de leur situation médicale sont de l'ordre de 1 %. Mais l'offre crée la demande et, dans certains cantons des Pays-Bas, cette demande est désormais de 15 %. Imaginer que les verrous ne sauteront pas revient à se tromper soi-même. La demande sociétale est trop forte.

Madame Rilhac, vous avez questionné la possibilité de cette aide active comme un acte d'amour, lorsque la vie devient invivable. À quel moment le législateur et l'État peuvent considérer une vie invivable ? Je ne sais pas ce que cela veut dire : ce qui est perçu invivable à un moment peut ne plus l'être ensuite grâce à l'aide, au partage de projets de vie. Enfin, selon moi, la compassion qui supposerait que l'on donne la mort par acte d'amour se heurte à la culpabilité gigantesque qui en résulterait.

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