Lorsque la ministre Catherine Vautrin explique qu'il ne s'agit pas de suicide assisté ou d'euthanasie, j'estime bien qu'il y a tromperie sur la marchandise.
Monsieur Martin, vous allez dans mon sens lorsque vous dites que derrière les lois figurent le progressisme et la marche en avant de l'égalité, qui font sauter tous les verrous. Par conséquent, puisque tous les verrous ont vocation à sauter, il en sera de même pour ceux de ce projet de loi.
S'agissant de l'avis 139 du CCNE, je m'inscris délibérément du côté de ceux qui ont émis une réserve et insisté sur les prérequis indispensables et préalables, qui supposent qu'une aide active à mourir « ne relève ni d'un défaut de soin, ni d'un déficit de connaissance et préserve ainsi l'intégrité du principe éthique fondamental du consentement libre et éclairé ».
Je me suis effectivement permis d'opposer la fraternité large du cadre général des personnes mourant chaque année en France et celles qui sont en situation de fragilité avec la coquecigrue d'une fraternité étroite et restreinte. S'agissant des conquêtes, les soins palliatifs se sont historiquement développés contre le paternalisme médical, lorsque les médecins décidaient sans concertation, sans avis, de qui devait mourir et qui devait vivre. Je redoute que cette conquête ne soit remise en cause par le projet de loi dont nous parlons, qui met par ailleurs en avant des ennemis imaginaires ou réels.