La langue porte l'esprit et l'histoire d'une discipline. Songeons à l'escrime, qui a su garder son identité grâce aux mots qui en définissent les règles et les figures, y compris lorsqu'ils ont un petit air désuet, qui fait le charme d'expressions comme : « En garde ! »
En dépit de votre volonté, madame la ministre, comment expliquez-vous que les médailles arborent l'inscription « Paralympic Games » ou que la présentation de l'affiche officielle des Jeux privilégie l'anglais, au mépris de la première recommandation de notre proposition de résolution ?
Au Québec, le Premier ministre a récemment qualifié notre langue de « trésor commun ». Nous avons des devoirs à son égard et nous devons redoubler de volonté et de précautions, tant l'anglais s'impose. Nous devrons d'autant plus lutter que les Jeux se déroulent en France ; nous n'avons pas le droit de baisser la garde. Tel est votre devoir, madame la ministre ; c'est aussi celui des députés amoureux de notre belle langue et désireux de la défendre. Pourquoi les parlementaires ne seraient-ils pas fondés à le dire avec vous ?
Pour répondre à ce défi quotidien, nous avons souhaité enrichir cette résolution en proposant la création d'un comité de suivi. Nous ne manquons ni d'instances déjà existantes, ni d'experts, ni de services ministériels qui peuvent être utilement mobilisés pour vérifier la bonne application des règles durant les trente et un jours que dureront ces Jeux et, le cas échéant, rappeler celles-ci en temps réel. Maintenir la présence et l'influence de la langue française dans un univers certes plurilingue, mais dominé par l'anglais, demande une volonté politique forte et, je l'espère, unanime.
Cette proposition de résolution est inspirée des travaux de la commission francophonie du groupe des anciens députés, représentée dans les tribunes par Françoise Hostalier, et de ceux de la commission de la défense de la langue française de l'amicale des anciens sénateurs ; permettez-moi d'en remercier les membres pour leur engagement. Elle a été largement cosignée par près de cent députés, issus de sept groupes. Nous ne doutons pas, chers collègues, madame la ministre, de votre soutien.