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Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du jeudi 2 mai 2024 à 9h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Lors de mon intervention en commission, j'ai cité les propos de Judith Godrèche lors de son audition par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et la délégation aux droits des enfants. Mots terribles, qui racontaient une réalité troublante et des actes qui dépassent l'entendement, ils nous ont tous glacé le sang. Mais ils sont nécessaires car ils reflètent un vécu que personne ne devrait passer sous silence.

Malheureusement, Judith Godrèche n'est pas la seule à avoir subi ces abus. Combien d'autres témoignages avons-nous écoutés ou lus ? Il y en a tant, trop ! Pourtant, nous savons que toutes les victimes n'ont pas encore parlé ; et certaines ne parleront jamais.

« Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Un chuchotement, un demi-mot. ''Ça serait déjà ça'' dit le petit Chaperon rouge. » Tels sont les mots de Judith Godrèche lors de la cérémonie des Césars en 2024.

C'est à nous, également, de répondre à ces questions. C'est à nous de garantir qu'aucun enfant, qu'aucune femme et qu'aucun homme ne puisse être abusé par une personne qui, de par son statut ou son autorité, croit que tout lui est permis. Il est temps que cela cesse, temps de montrer que cela n'est plus vrai, que cela ne peut plus exister.

Trop de secteurs sont concernés par ces abus, et trop de personnes les subissent. Nous le savons, nous entendons les témoignages, certes avec compassion, mais nous devons mieux écouter pour mieux agir, et mieux protéger.

Cette commission d'enquête est plus que nécessaire afin que les victimes reprennent la parole qui leur a été volée, et afin de protéger ceux qui sont ou pourraient être victimes.

Souvent, nous entendons que tout le monde savait ce qu'il se passait. Il est donc temps de mettre fin à la culture du secret et du tabou. Il est également temps que la culpabilité change de camp. La fin du silence doit s'accompagner de la fin de la culture de l'impunité. Il faut montrer aux victimes que leur prise de parole n'est pas vaine, alors que la confiance en la justice s'érode et que la proportion de viols classés sans suite est passée de 86 % en 2016 à 94 % en 2020.

Nous devons protéger tous ceux qui sont placés dans une situation de vulnérabilité. La plupart du temps, l'agresseur est connu de la victime : professeur, entraîneur, réalisateur, directeur artistique, ce sont des personnes de confiance, qui incarnent le succès, la réussite future. Autorités supérieures, elles ne sont pas dénoncées par peur, du fait de leur emprise sur la victime. Pourtant, elles volent – arrachent même – une part de leur victime qui gardera des séquelles à vie.

Cette commission d'enquête est donc indispensable. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai rapidement cosigné la proposition de résolution tendant à sa création. Lors de l'examen du texte en commission, notre groupe n'avait qu'une interrogation : ne fallait-il pas étendre le périmètre de la commission d'enquête aux adultes, compte tenu du grand nombre de témoignages ? C'est désormais le cas et nous en sommes satisfaits.

Je terminerai en reprenant les questions posées par Judith Godrèche lors de la cérémonie des Césars 2024 : « Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ? Prendre nos responsabilités ? Être les acteurs, les actrices d'un univers qui se remet en question ? »

En tant que législateurs et représentants de tous les Français, ces questions nous sont également posées, tant sur le sujet qui nous réunit que sur tous les autres, qui nous incombent et nous obligent.

Le groupe LIOT votera en faveur de la création de cette commission d'enquête. Madame Pasquini, nous vous remercions de l'avoir proposée. Elle apportera, j'en suis certaine, des réponses et des solutions qui contribueront à mettre fin à ce fléau.

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