Les récentes révélations des actrices et de quelques acteurs ont provoqué une onde de choc dans la société et dans le milieu de la culture. Toutes et tous ont dénoncé la léthargie du monde du cinéma face aux multiples dérives qui ne cessent de se produire et, plus inquiétant, de se reproduire. Nous avons beau jeu de dénoncer l'omerta qui existe dans le monde du cinéma, mais nous y avons collectivement notre part de responsabilité.
Nous n'avons pas su prendre la mesure des dénonciations faites, depuis des années, par de nombreuses personnalités du monde de la culture, dans le cinéma mais aussi dans la publicité, la mode ou encore la photographie. En 2016, Flavie Flament dénonçait le viol dont elle avait été victime, lorsqu'elle était adolescente, de la part d'un photographe. En 2019, Adèle Haenel a révélé avoir été victime, elle aussi à l'adolescence, d'agressions sexuelles de la part d'un réalisateur. En 2023, Judith Godrèche dénonçait les viols et les agressions sexuelles dont elle a été victime, adolescente, de la part de différents réalisateurs. En 2024, à la veille de la grand-messe du cinéma français, Aurélien Wiik témoignait des abus qu'il avait subis à l'adolescence de la part de son agent, aujourd'hui condamné pour ces faits. Les années se suivent et se ressemblent, avec pour points communs la jeunesse des victimes, leur innocence – tout le temps – et la position dominante des agresseurs.
Alors que dénoncer son agresseur demande un courage immense, nous ne pouvons faire partie de ceux qui n'écoutent pas. Nous ne pouvons faire partie de ceux qui mettent la poussière sous le tapis. Nous ne pouvons faire partie de ceux qui, à leur niveau, ne protègent pas. Mais nous pouvons faire partie de ceux qui accompagnent ce mouvement, qui soutiennent les victimes et qui, sans doute, feront évoluer la loi. Je refuse que nous soyons de ceux qui laissent faire sans bouger, je refuse que notre inaction favorise l'émergence d'un monde trop dangereux – pour nous tous, mais surtout pour les enfants.
Alors aujourd'hui réveillons-nous, aujourd'hui agissons, aujourd'hui disons à toutes les victimes de violences physiques, psychologiques, sexistes et sexuelles que nous les écoutons et que nous allons travailler à offrir un monde plus sûr.
La présente proposition de résolution en est le meilleur moyen. Le groupe Démocrate, madame la rapporteure, tient à vous remercier pour votre initiative et pour avoir su mener un travail transpartisan qui nous a permis, à l'issue des travaux de la commission, de faire adopter votre proposition à l'unanimité. Je ne doute pas qu'il en sera de même aujourd'hui.
Les débats en commission nous ont permis d'étendre le périmètre de la commission d'enquête, d'une part, aux violences sous toutes leurs formes, que peuvent subir aussi les adultes, et, d'autre part, aux domaines du spectacle vivant, de la mode, de l'audiovisuel et de la publicité. Certains peuvent douter de la nécessité de donner un spectre si large à cette commission d'enquête ; mais ne pas l'étendre aux adultes, c'est laisser de côté de nombreuses victimes, notamment les jeunes majeurs. Et se concentrer sur le cinéma, c'est laisser de côté tout un pan des témoignages qui émergent aujourd'hui. Ne soyons pas aveugles : le cinéma n'est pas la seule industrie du monde de la culture à être impliquée. Ce serait une erreur que de laisser de côté les autres pratiques artistiques, comme le prouve l'émergence des mouvements #MusicToo et #MeTooThéâtre.
Votons en responsabilité pour cette proposition de résolution, votons pour la création de cette commission d'enquête qui nous permettra de mettre au jour les défaillances, d'établir les responsabilités de chacun et de proposer, je l'espère, un cadre plus protecteur.
Les députés Démocrates, et, avec eux, la présidente de la délégation aux droits des enfants, Perrine Goulet, soutiennent avec force la création de cette commission d'enquête.