Adèle Haenel, Judith Godrèche, Guslagie Malanda, Sophie Marceau, Laetitia Casta, Juliette Binoche, Aurélien Wiik : j'ai tout d'abord, évidemment, une pensée pour ces lanceurs et lanceuses d'alerte, victimes, témoins des violences qui perdurent dans l'industrie de la culture. Merci d'avoir réussi à briser ce silence insupportable, malgré la peur et la pression. Merci pour votre courage. Je peux vous assurer d'une chose : oui, nous vous avons entendus. J'ai aussi une pensée pour toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas – ou pas encore – parler. Sachez que nous ne détournerons pas le regard, nous nous battrons pour que chacune et chacun d'entre vous soit entendu.
Au nom de mon groupe, je tiens à affirmer ici et par-delà cet hémicycle que, non, ce que vivent ces enfants et ces femmes, ce ne sont pas seulement des « comportements inappropriés » ou des « blagues un peu lourdes » ; non, embrasser une actrice ou lui imposer des scènes de sexe sans la prévenir ne fait pas « partie intégrante du métier » ; non, affamer un mannequin, lui faire du chantage à l'emploi, l'humilier n'est pas acceptable.
Depuis le lancement de #MeToo, nous avons connaissance de ces violences – personne ne peut les nier. J'ai été très touchée par le soutien organisé par Michel Broué et 100 hommes, cosignataires d'une tribune. Messieurs, nous avons aussi besoin de vous pour reconnaître ces violences, pour dire stop, pour soutenir les victimes. Vous pouvez être les témoins passifs de ces violences ou faire le choix d'être nos alliés et de coconstruire avec nous un projet de société plus égalitaire, où ces violences n'auront plus leur place.
Aujourd'hui, ce même choix s'impose à nous : continuer de détourner le regard ou décider enfin de regarder ces violences en face et ceux qui les perpétuent, pour proposer des solutions afin qu'elles s'arrêtent. Nous ne pouvons tolérer que le corps de nos enfants et des femmes soient sacrifiés sur l'autel de la culture. Il est de notre responsabilité de parlementaires de tendre la main aux victimes et d'exiger des politiques publiques à la hauteur de l'enjeu.
Face au fléau des violences qui perdurent dans cette industrie complexe, nous avons décidé d'employer des moyens nouveaux. En tant que présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, avec notre collègue Perrine Goulet, présidente de la délégation aux droits des enfants, nous avons organisé pour la première fois une audition commune, afin d'entendre Judith Godrèche.
C'est pourquoi je défends, au nom de mon groupe et avec son soutien plein et entier, cette proposition de résolution défendue par notre collègue écologiste Francesca Pasquini, que je salue, comme je salue le travail transpartisan mené depuis le départ.
J'ai souhaité, avec l'appui de Mme la rapporteure Francesca Pasquini et de nos collègues Perrine Goulet et Erwan Balanant, que nous puissions étendre cette commission d'enquête aux victimes majeures, afin de protéger toutes les victimes. C'était une demande appuyée de leur part, que nous avons ainsi entendue. Je suis ravie que nous ayons reconnu l'importance du continuum des violences, afin de déployer les moyens de protéger les mineurs et les majeurs.
Cette proposition de résolution ainsi modifiée vise à une chose : passer à l'action, prendre le relais de façon concrète et rapide. Votons-la à l'unanimité afin de construire ensemble une culture à la française dont nous soyons réellement fiers.